L'internat : Beaucoup disaient qu'énormément d'étudiants finissaient par craquer sous la pression alors qu'ils étaient persuadés qu'ils étaient fait pour être médecins. Trop de gardes, trop de sang, pas assez de temps pour étudier, la fatigue, les compétences limitées, l'attitude hautaine des titulaires... Pas de place pour les faibles, il fallait se battre coûte que coûte pour s'en sortir parce que les titulaires ne nous faisait pas de cadeaux intentionnellement, parce que c'est sur nous que reposerait bientôt la vie de nombreuses personnes. Il fallait gagner leur confiance, et c'est ce que je m'employais à faire chaque jour depuis que j'étais arrivé au Seattle Grace. Tout le monde était sur les nerfs après la fusillade qui avait eu lieu, on en prenait donc plein la gueule en ce moment, mais peu importe, ça se jouait au mental, c'est tout. Et pour ma part, je me voyais déjà titulaire. Ambitieux ? Non. Réaliste. Vous voyez ? J'ai déjà l'arrogance des plus grands !
Ce matin j'avais filé en traumato, même si on devait officiellement se présenter dans tous les services, c'était clairement là que je me sentais le mieux. L'action, l'imprévu, tout ça faisait monter l'adrénaline et il n'y avait rien de plus jouissif pour moi. La journée se passa normalement. Je commençais à bien m'entendre avec les autres internes et même si un esprit de compétition s'était très vite installé entre nous, ça restait bon enfant. J'en était à 14 heures de garde quand on me bipa pour un cas. Une jeune femme qui avait fait un malaise, rien de bien grave à priori. J'avais eu le temps de m'entretenir avec Kepner et de faire un scanner quand, après plusieurs heures, celle-ci se réveilla visiblement sonnée. Après avoir jeté un coup d'oeil au dossier et entendu la question de la patiente, je me mis à parler d'une voix sereine, histoire de la rassurer.
« Madame Deudon, je suis le Dr Rivers, c'est moi qui vais m'occuper de vous. Vous êtes dans le service de traumatologie de l'hôpital Seattle Grace, il semblerait que vous ayez eu un malaise. »
Je fis une pause afin qu'elle puisse digérer l'information, et repris :
« Comment vous sentez vous ? Voulez vous que je contacte quelqu'un pour vous ? »