On se dit souvent qu’un seul instant peu changer une vie, qu’il n’en faut pas plus pour que tout bascule. Certains vous dirons que ces dires sont faux, d’autres, ne vous mentiront pas, et vous dirons que tout cela est vrai. Qu’une seule seconde peut tout changer. C’est ce que Teddy vous dirais, c’est ce qu’elle dirait à tous le monde comme un autre soldat vous le dirais. Parce que oui, ceux qui ont vécu l’Irak, ceux qui ont vécu la guerre, ce sont ces personnes là qui ne vous mentiront pas. Parce qu’ils savent tous ce qu’une seconde peut faire. Que ce soit une seconde d’inattention, d’incompréhension ou encore de peur. Tout bascule en une seconde.

Teddy l’avait choisis, et en est revenue changée. Meilleure ? Elle ne sait pas si elle dirait ca, mais différente c’est certain. L’Irak est une étape qui chamboule beaucoup de chose dans une vie. On en revient souvent troublée, blessé, aussi mentalement que physiquement, et il faut de long mois, de longues années pour s’en remettre. Encore aujourd’hui, deux ans après son retour dans sa patrie, elle a quelque fois du mal à se persuader qu’elle n’est pas la bas, mais bien ici.

Aujourd’hui est un jour comme celui-ci. Peut-être parce que cette nuit un orage a éclaté, qu’elle n’a pas été capable de dormir, et que chaque coup d’éclair lui rappelait le tir d’une carabine ennemie. Surement cela, mais peut-être aussi, parce qu’il y a trois ans, jour pour jour, elle débarquait pour la première fois sur ce nouveau continent, pour soigner des personnes qui se battait pour la liberté et la fierté des Etats-Unis.

Elle était sortie de chez elle sans vraiment savoir quoi faire. Elle savait qu’elle avait une garde aujourd’hui, mais elle ne se sentait pas le courage de la prendre. Malheureusement pour elle, elle n’avait pas le choix, elle devait y aller. Après être montée dans sa voiture, conduit, puis s’être garée sur le parking du Seattle Grace Hospital, elle s’arrêta devant les grande porte vitrée du bâtiment, et en regarda la façade extérieur.

« J’espère que cette journée sera mieux que les précédentes… »

Prenant son courage à demain, elle se dirigea d’un pas sur vers le vestiaire. Après s’être changée, remarquant qu’il lui restait encore du temps, elle se laissa porter par l’appel de la cafétéria pour se réveiller. Elle avait besoin de café, et de quoi tenir bon la journée. Elle slaloma entre les tables et s’arrêta net entendant une voix qu’elle reconnu et qui n’aurait pas du être ici.

« Ah les internes…Ils ont un long chemin à faire avant de devenir de bons médecins. Je plaints leurs supérieurs direct. »

Se retournant sur elle-même elle fut surprise de reconnaitre la tête d’un des médecins ayant travaillé avec elle en Irak. Comme quoi, cette journée était une journée de retour dans le passé…

« Brian ? Brian Cooper ? »

Teddy s’installe alors à la table, tant pis pour le café, elle le prendrait plus tard, où n’y penserait plus, ce n’était pas comme si elle n’en voulait plus de toute manière. Cette rencontre lui donnait une excuse de plus pour ne pas boire, ne pas manger. Parfait.

La sensation de le retrouver ici, à la même table qu’elle lui fit se souvenir de plusieurs bons moments qu’ils avaient eut tous ensemble autour d’une table. Oui tous, parce qu’il ne faut pas oublier que Owen Hunt avaient été parmis eux à ce moment là, et que souvent, ils se retrouvaient pour discuter de la journée qu’il venait d’avoir, mais aussi de tout et de rien, comme une grande famille.

« Je suis heureux de te revoir vivante. Je ne savais pas si tu avais quitté l'Irak ou non. »

Elle baissa son regard sur ses mains, avec lesquelles elle jouait depuis qu’elle était assisse. Vivante. Cela était peut-être un euphémisme, surtout en ce moment, elle ne se sentait pas vivante, mais passons. Elle était la, en chair et en os, c’était le principal. Pour la première fois, elle se laissa le droit de le regarder comme avant. Il avait changé. Les cheveux plus long, le teint plus clair, surement parce qu’il, n’avait plus la poussière et la crasse de l’Irak sur le visage, les traits moins tirés. Il semblait en forme. Il était comme avant…Enfin presque… Teddy resta bloqué pendant un moment sur ce qui lui serait de chaise. Un fauteuil ? Que s’était-il passé ? Pourquoi cela ? Elle se rappelait l’avoir quitté en pleine forme avant de partir pour plusieurs semaines en immersion dans un camp de réfugier, pendant que lui avait du rester derrière pour s’occuper des blessés qui restaient. A son retour, il n’avait plus été là, et elle n’avait rien réussit à savoir de ce départ si soudain.

« Tiens c'est bon le sucre avant d'affronter une journée. Surtout quand on a l'air très fatigué. »

C’est lui une fois de plus qui la tira de ses pensées. Même pas le temps de lui poser la question qui lui brulait les lèvre, qu’elle se sentait déjà mieux, qu’elle avait oublié toutes ses questions… Il avait ce don, celui de faire sourire Teddy même quand tout allait mal, quand elle n’arrivait plus à dormir là bas à cause des tirs ennemis. Il avait toujours su quoi lui dire, un peu comme Owen…Même si pour lui c’était encore autre chose. Alors forcément, quand elle le vit lui tendre une barre de céréale, elle se rappela de tous ces moments, ou comme un grand frère il l’avait aidé à aller mieux, l’avait protégée, avait pris soin d’elle. Il fallait dire que cela faisait un peu étrange, Teddy étant de six ans son ainée, mais cela ne les avaient jamais vraiment dérangé. Ils avaient partagé beaucoup de coup durs, et savait comment prendre soin de l’autre, pour que tout aille pour le mieux.

Elle regarda la barre de céréale et refusa poliment de la prendre. Non pas qu’elle voulait sembler froide, mais plutôt qu’elle ne se sentait pas en état de manger. C’est ce que lui faisait le manque de sommeil, cela lui donnait l’incapacité de manger. Allez savoir pourquoi, cela avait toujours été ainsi. Reprenant son souffle, qu’elle avait sans savoir pourquoi retenue, elle le regarda droit dans les yeux, avant d’enfin lui poser la question à laquelle elle mourrait d’avoir une réponse.

« Qu’est ce qu’il t’es arrivé ? Et qu'est ce que tu fais ici ?»

Elle avait toujours été ainsi, à ne parler que le minimum, à aller droit au but, alors pourquoi est-ce que ce serait différent aujourd'hui ? Pourquoi devrait-elle prendre des pincettes pour ce genre de chose. Certes les gens n'aimaient généralement pas en parler, mais si il se retrouvait ici dans un pyjama de résident et en fauteuil, c'était qu'il avait du accepter son sort et qu'il réussissait à en parler plus facilement, non ?

Elle l’avait écouté sans rien dire, de plus en plus surprise par ce qu’elle entendait. Il n’avait vraiment pas eu de chance, et en même temps, en avait tellement eu…Il était encore en vie, contrairement à d’autre soldat qui étaient mort là bas. Il pouvait encore raconter son histoire, et même si il ne pouvait plus marcher, il vivait encore. Comme il venait si bien de le dire, il suffit de très peu de chose, de quelques secondes pour que tout bascule, c’était ce qu’il s’était passé avec lui. Et même si il s’en était tiré, une partie de lui était quand même morte là bas.

« Sur le fait de pouvoir un jour remarché mon option serait une opération au niveau neurochirurgie mais c’est impossible car aucun chirurgien ne me touchera tant que j’ai des morceaux de métal tout près du cœur qui n’ont pas puent être retiré. »

C’était cette phrase qui résonnait encore dans la tête de la chirurgienne qu’était Teddy. Elle était cardiologue, elle savait comment les neurochirurgiens étaient. Tant qu’il n’avait pas la certitude que leurs patients allaient totalement bien, hormis leur problème neurologique, ils n’acceptaient pas d’opérer. Le patient devait être sain, et rien d’autre.

Teddy commença à réfléchir. Sans s’en rendre compte, elle commençait à se faire à l’idée de retirer les bouts de métaux du corps de Brian. Elle avait toujours eu un brin de folie, lui faisant faire les opérations les plus impossibles qui existait, mais après tout, est-ce que ce n’était pas comme ça qu’elle en était là où elle en était maintenant ? Souriant furtivement, elle se mit a réfléchir à ce qui lui fallait pour pouvoir envisager l’opération.

« Je suis vraiment désolée pour ce qui t’es arriver. On pense toujours que ca n’arrive qu’aux autres, aux gens qu’on ne connait pas, et quand ca touche l’un de ceux que l’on connait… »

Elle ne préféra pas finir sa phrase, et enchaina directement avec ce qu’elle avait en tête.

« Tu me montreras les radios qu’ils ont prit de ton thorax ? N’oublie pas que ma spécialité était la cardiothoracie avant de partir au front. Et depuis que je m’y suis remise, je vois tout sous un autre angle. Rien n’est impossible. Je veux t’aider, pour te remercier de ce que tu as fait pour moi quand on était là bas. »

Elle lui sourit et posa sa main sur la sienne, dans un geste tendre. Elle le vit ensuite partir en direction des yaourts, en attraper un , et revenir vers elle, yaourt et cuiller à la main. Il se mit face à elle, et sans qu’elle ne s’en rende compte, lui enfourna une cuiller de yaourt dans la bouche. Teddy faillit s’étouffer de surprise, et avala difficilement la bouchée de yaourt… Quand il avait une idée en tête celui là. Retirant la cuiller de sa bouche, elle la reposa sur la table et soupira.

« Brian….Ca va, je vais bien. Pas besoin de me forcer à manger… Et j’ai très bien dormi la nuit dernière. Cesse de t’en faire pour moi, on est plus dans le désert, je peux prendre soin de moi toute seule. »

Elle s’arrêta puis reprit.

« Et je ne suis pas sur que ce soit très bien vu qu’un résident donne à manger à la cuiller à un titulaire ! »

Elle lui tira la langue, avant de récupérer le pot de yaourt, planter la cuiller dedans, et l’éloigner le plus possible d’elle. L’odeur lui donnait la nausée… La matinée commençait vraiment très bien…

Elle finit par se lever et se positionna derrière le fauteuil, avant de commencer à le pousser.

« Je t’enmène faire des tests, je veux voir si c’est fichu bout de métaux sont retirables ! »