- On l’intube ! Passez-moi le laryngoscope !

Lorenzo venait tout juste de tendre la main droite qu’il sentit déjà l’instrument dans sa main. Déjà une heure que les urgences étaient pleines à craquer et qu’il devait passer d’un patient à l’autre sans avoir le temps de souffler. Et deux heures déjà que le chaos semblait avoir envahi la ville. L’italien était en plein milieu d’une opération quand il avait senti la terre tremblée malgré le dispositif antisismique de l’hôpital. Tout le monde s’était arrêté l’espace de quelques secondes, se regardant les uns les autres pour savoir ce qu’il venait de se passer. Ce n’est qu’une fois hors du bloc qu’il avait appris ce qu’il s’était passé en ville et que le chef Webber avait déjà envoyé des médecins sur place. De son côté, Lorenzo était bloqué à l’hôpital, devant géré les urgences au mieux en l’absence du docteur Hunt, parti sur le terrain, et ce n’était pas de tout repos, loin de là.

L’intubation du jeune homme se fit rapidement, il avait l’habitude de ce genre de geste maintenant, et il put ainsi passer à autre chose dans l’espoir de le stabiliser. Le patient devait avoir vingt-cinq ans à tout casser et il s’était fait assommé assez violemment par des gravats lors de l’effondrement d’un des immeubles. L’italien n’avait pas encore eut le temps de voir les images de cette catastrophe à la télé, étant passé du bloc aux urgences directement sous l’ordre du Chef Webber. Mais vu l’état de certaines des victimes, il se demandait s’il avait vraiment envie de les voir.

- Traumatisme crânien pratiquement sûr. Appelez-moi un neurologue le plus vite possible pour un diagnostic plus poussé s’il vous plaît. Je m’occupe de la jambe.

Et oui, assommé par des gravats, il avait était réveillé par une autre douleur à la jambe. Celle provoquée par la tige de fer qui lui transperçait le mollet de part et d’autre sans avoir toucher l’os, enfin un peu de chance pour le jeune homme. Le problème, c’était que l’artère semblait touchée elle et cela avait provoqué une accumulation de sang dans la jambe qui devenait vraiment dangereux. Attrapant un scalpel et désinfectant abondamment une zone d’une dizaine de centimètres près de la blessure, le grand brun finit par ouvrir la jambe sur cette zone, libérant une quantité impressionnante de sang alors que la porte de la salle de trauma s’ouvrait sur le docteur Grey, mais la plus petite des deux sœurs. Comment ils l’appelaient déjà ici ? Rooh et puis quelle importance dans une situation comme celle-là ?

- Passez-lui vite un culot de sang et prévoyez en une bonne demi-douzaine d’autres. Docteur Grey ? J’aurais besoin de vu pour un examen rapide mais approfondi en neuro. Jeune homme de 24 ans avec un traumatisme crânien dû à un choc violent avec des décombres d’un immeuble. Et là barre au milieu de sa jambe lui vient tout droit des piliers en béton armé de ce même immeuble.

Exposa-t-il rapidement mais toujours avec son calme et sang-froid alors que les machines s’affolaient de plus en plus dans la salle. Oui, il savait parfaitement que son patient s’enfonçait mais il ne pouvait malheureusement rien faire pour le moment tant qu’il n’aurait pas un diagnostic neuro précis. Imaginez qu’il le monte au bloc et que, SURPRISE !, des problèmes neurologiques soient constatés à son réveil ? Quant à son état à lui, il n’osait même pas l’imaginer. Il devait sans doute plus ressembler à un boucher qu’à un chirurgien à cet instant, vu le sang qui s’échappait de la plaie qu’il avait faite dans la jambe du jeune homme. La porte s’ouvrit de nouveau sur une interne cette fois alors que le flot de sang semblait enfin se calmer. Tant mieux, il allait pouvoir gérer au mieux cette hémorragie supplémentaire pour ne pas que le patient s’enfonce encore plus le temps que le docteur Grey fasse son travail.

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