Une garde plutôt spéciale [PV Louhanne Hennings]

Penchée sur un des lavabos des toilettes des femmes de l’hôpital, Erika se mouillait le visage depuis une bonne dizaine de minutes maintenant. Elle attaquait sa garde d’ici quelques minutes comme pouvait en témoigner sa tenue mais après la nuit qu’elle avait passée, il fallait à tout prix qu’elle se réveille complètement avant d’attaquer sa garde de 48 heures.

Oui, hier soir encore Erika avait fait la fête jusqu’à pas d’heures et avait encore trop bu, la preuve, elle n’avait que quelques souvenirs flous de sa soirée entre une heure du matin et sept heures, quand l’alarme sur son portable s’était mise à sonner. Et ce matin encore, elle s’était réveillée dans un lit qui n’était pas le sien. Elle savait peu de chose de celle avec qui elle avait partagé le reste de la nuit ou plutôt, se souvenait de peu de chose. Bref, elle n’avait pas réveillé la jeune femme avant de partir, comme la plupart du temps d’ailleurs, mais là en plus, elle risquait d’être en retard. Arrivant dans ce qui semblait être la cuisine, dans laquelle elle retrouva son haut de la veille, mais ceci est une autre histoire, elle trouva une feuille vierge et laissa juste un rapide mot à la demoiselle lui expliquant qu’elle devait partir tôt pour le boulot et que ça avait été sympa. En bas de l’immeuble, elle avait vite retrouvé sa mini, signe que c’était elle qui avait conduit la veille, et retrouva facilement son chemin jusqu’à l’hôpital. Comme quoi, finalement, elle commençait à bien connaître la ville.

Une fois à l’hôpital, elle avait rapidement enfilé sa tenue de résidente et après avoir croisé son reflet dans une glace des vestiaires des résidents, elle avait filé aux toilettes histoire de se réveiller un peu plus. Elle était là maintenant et après un coup d’œil à sa montre, elle se décida enfin à se redresser, s’essuya rapidement le visage et entreprit de se faire une queue de cheval rapide avant de sortir. Elle avait déjà une meilleure tête qu’à son arrivée et elle savait qu’elle oublierait la fatigue due à la fête d’hier soir assez rapidement une fois qu’elle bosserait. A peine arrivée au bureau des infirmières, elle se sentait déjà un peu plus en forme.

- Docteur Mendoza, résident du docteur Torres. Des dossiers pré-op ou post-op ?
- Euh…. Oui, 3 pré-op à faire seule, le docteur Torres demande à être là pour le 4ème et… Et un seul post-op.

Répondit sans tarder l’infirmière en pianotant sur le clavier de son ordinateur, tout en cherchant les dossiers et en les posant sur le comptoir. Erika commença directement par regarder le post-op. Simplement une dernière visite de contrôle avant de signer sa permission de sortie.

- Ca marche… Vous savez quel interne j’ai aujourd’hui ?
- Euh oui… C’est le docteur Hennings. Mais apparemment, elle est légèrement en retard, elle devait pointé il y a quelques minutes.
- Ok… S’il me cherche, dites-lui que j’ai commencé par la visite post-op à la chambre 1328.

Acheva Erika après avoir refermé le dernier dossier dans lequel elle notait ses initiales. Après avoir souhaité une bonne journée à l’infirmière, elle prit ses dossiers et se dirigea vers la chambre qu’elle venait d’annoncer. En chemin, elle se dit qu’elle aurait dû passer prendre un café bien serré avant de commencer mais trop tard maintenant.

- Bonjour Mr Mathesson. Comment s’est passé la nuit ? Pas de soucis avec votre coude ?

L’homme d’une cinquantaine d’année avait été admis trois jours auparavant suite à une chute depuis le haut d’un toit. Les risques du métier de charpentier. Il avait eu le radius littéralement explosé et le cubitus était sorti du bras, au niveau du coude. Erika avait assisté le docteur Torres pour refaire complètement le coude de l’homme. Après les civilités courantes et les questions encore un peu inquiète de sa femme, Erika était en train de vérifier que tout était normal, manipulant ainsi le bras de l’homme qui semblait en pleine forme, quand la porte de la chambre s’ouvrit. Du coin de l’œil, elle vit une blouse blanche et en déduisit rapidement qu’il devait s’agir de son interne du jour. Sans tourner la tête vers celui-ci et en continuant de plier le bras de son patient, Erika dit alors naturellement :

- Vous êtes en retard docteur Hennings. Certains résidents auraient pu vous dire de rentrer directement chez vous mais vu que vous n’avez que 5 minutes….

L’hispanique s’arrêta net dans sa phrase au moment où elle venait de tourner la tête vers son interne après avoir lâché le bras de Mr Mathesson. Non, c’était impossible ? Son interne était celle avec qui elle venait de passer la nuit ?! Mais…. Comment c’était possible ? Elle ne lui avait pas dit qu’elle était médecin !

- Je vais faire comme si de rien n’était.

Se força-t-elle à finir malgré sa surprise avant de retourner se placer au pied du lit du patient et d’ouvrir le dossier de celui-ci.

Louhanne se réveilla doucement dans ce qui semblait être son lit. Elle se frotta les yeux et s’assit. À vrai dire elle n’était pas sur de connaitre l’endroit où elle se trouvait vu qu’elle était partit hier soir en soirée et qu’elle ne se souvenait de presque rien. La belle blonde regarda à droite puis à gauche et s’aperçut qu’elle s’était bien retrouvée dans son appartement. Quelle chance. Elle se leva, alla dans la salle de bain et se regarda dans le miroir. Elle avait une sale tête, quand tout à coup un souvenir la frappa. Elle avait passé la soirée avec une fille, oui une fille. Elle l’avait ramené chez elle, elle l’avait embrassé, elle avait couché avec elle.

« Oh mon dieu ! »

Louhanne n’avait jamais été attiré par les filles et même en étant soule et pourtant, cette nuit, elle avait bel et bien couché avec une femme. Et c’était à cause de l’alcool, à cause de ces foutu bouteille de téquila. Louhanne s’aspergea le visage d’eau en essayant de se persuader qu’elle préférait les hommes, que c’était de la faute de l’alcool et que ça n’avait pas d’importance.
Louhanne sortit de la salle de bain et alla dans son salon quand elle trouva un mot sur le bar de la cuisine, et oui Louhanne avait la chance d’être riche et d’avoir un appartement parfait avec une cuisine américaine, quand elle trouva un mot. Il avait été écrit par la femme avec qui elle avait passé la nuit et qui s’excusait d’être partit aussi vite. Quand la jeune interne reposa le papier elle se rendit alors compte de l’heure. Elle était à la bourre. Elle devait être au boulot dans une minute et elle n’y serait pas. Pour une interne, ce n’était vraiment pas bon d’arriver en retard. Louhanne s’habilla donc en vitesse, pris son sac et sortit de son appartement sans même manger ou boire. Elle alla au parking sous-terrain, pris son cabrioler et fonça vers l’hôpital.

En arrivant au SGH la jeune interne se précipita dans les vestiaires et enfila sa tenue. Elle s’attacha rapidement les cheveux en laissant tomber sa mèche, mit un trait de crayon sous ses yeux pour ne pas avoir une tête trop horrible et se dirigea vers le bureau des infirmières.

« Bonjour, je suis le docteur Hennings, pouvez-vous me dire dans quel service je suis aujourd’hui, s’il-vous-plait »

La jeune femme s’impatientait quand l’infirmière lui annonça qu’elle était avec le docteur Mendoza et qu’elle l’attendait déjà dans la chambre 1328. Louhanne se précipita vers cette dernière sans même savoir de quel cas il s’agissait. Louhanne arriva quelques secondes plus tard, ne prit pas la peine de toquer puisque la porte était à moitié ouverte et entra. Elle allait parler quand sa résidente pris la parole.

- Vous êtes en retard docteur Hennings. Certains résidents auraient pu vous dire de rentrer directement chez vous mais vu que vous n’avez que 5 minutes….

La jeune résidente se retourna vers Louhanne et s’arrêta net. Louhanne du regarder deux fois pour être sûr de ce qu’elle voyait. C’était elle. Elle qui l’avait fait changer de camp pendant une nuit. Elle avec qui elle avait passé une si bonne nuit. Oh mon dieu ! C’était la résidente de Louhanne, c’était impossible. La belle blonde recula d’un pas, commença à se tourner pour partir puis se rappela qu’elle était à son travail et qu’elle n’en avait pas la possibilité ni le droit.

« Bonjour…Désolé je suis en retard…mon réveil n’a pas sonné…Je suis votre interne, docteur Hennings. »

Louhanne se trouva si bête à cet instant qu’elle ne savait plus où se mettre. De plus elle ne connaissait même pas le patient. Elle regarda la jeune résidente une nouvelle fois qui lisait le dossier. C’était sans nul doute pour échapper au regard de Louhanne, et elle en était bien contente. Si sa résidente faisait comme si rien ne c’était passé alors Louhanne ferait de même. Enfin pour l’instant, elle était trop gênée. Puis le docteur Mendoza lui passa le dossier et elle put enfin s’informer. Ce n’était qu’un contrôle pour savoir si le patient pouvait sortir.

« Alors Monsieur Mathesson comment allez-vous ? Vous sentez-vous prêt à sortir ?»

Louhanne lui sourit et reçut une réponse positive quand elle s’aperçut que sa résidente l’observait. Ce n’était peut-être pas le moment d’ouvrir la bouge.

La tête baissée sur le dossier, Erika avait du mal à se concentrer dessus. Elle était en train de rêver, ce n’était pas possible ! Son interne ne pouvait pas être celle avec qui elle avait passé la nuit. Plus machinalement qu’autre chose, la tête complètement ailleurs, l’hispanique commença cependant à remplir le formulaire de sortie de son patient alors qu’elle sentait le regard de la blonde sur elle. Pitié, faites qu’elle ne soit pas du genre à voir là un signe du destin et de s’accrocher à l’argentine en croyant avoir rencontré l’amour de sa vie ! Pire encore ! Et si c’était une parfaite hétérosexuelle jusqu’à hier soir qui commence à se poser plein de questions à cause d’elle ? Raaaaah mais pourquoi faillait-il qu’elle choisisse pile cette garde pour se pointer ici comme interne ?!

Ayant fini de remplir tant bien que mal ce satané formulaire, Erika y apposa sa signature avant de tendre le dossier à la belle blonde avant de tendre l’autorisation à la femme du patient. Celle-ci n’avait même pas encore pu vraiment lire le formulaire que le docteur Hennings demandait déjà à Mr Mathesson s’il était prêt à sortir. Tournant enfin le regard vers elle, Erika ne put s’empêcher d’être légèrement surprise. Elle avait lu le dossier si vite ou bien s’était-elle contenter de lire en diagonale la feuille sur laquelle l’hispanique avait laissé le dossier ? Si c’était le premier cas, à n’en pas douter qu’elle avait largement sa place ici. Se rendant compte que leurs regards se croisaient pour la première fois depuis que la blonde était entrée dans la pièce, Erika détourna rapidement le sien pour le poser de nouveau sur la femme de son patient.

- Tout est en ordre. Vous n’avez qu’à vérifier qu’il n’y a pas d’erreur sur le papier, le signer et le porter au bureau des infirmières pour que votre mari puisse sortir. Quant à vous Mr Mathesson, j’espère vous revoir la semaine prochaine pour une dernière vérification. Après les heures que l’on a passé à travailler sur votre coude, j’espère que vous allez prendre soin de lui hein ? Et pas de boulot pendant 2 semaines, c’est bien clair ?
- Oh ne vous inquiétez pas docteur, ma femme va bien me le rappeler. Et moi j’espère pouvoir avoir votre numéro la semaine prochaine pour mon fils. Vous le verriez, aussi beau que son père.
- On verra ça la semaine prochaine alors, commença-t-elle avec un léger rire. Je vous laisse, d’autres patients m’attendent. Si vous avez des problèmes avant la sortie, n’hésitez pas à me faire bipper. Bonne journée.

Après un dernier sourire à l’adresse du couple, elle attrapa les dossiers posés sur la table au pied du lit du patient et se dirigea vers la sortie, le docteur Hennings sur les talons. Elle redoutait autant le moment où elle allait se retrouver dans le couloir seule avec elle qu’elle l’attendait. D’un côté, elles allaient pouvoir mettre les choses au clair entre elles mais d’un autre côté, Erika n’avait pas spécialement envie de revenir là-dessus. Déjà qu’elle avait du mal à croire qu’elle allait devoir passé sa garde avec elle alors si en plus elles en venaient à hausser la voix….

Pourtant, elle se retrouva dans le couloir avant même d’avoir pu mettre les choses au clair dans sa tête, ça promettait ! Entendant la porte de la chambre se fermer dans son dos, elle fit encore deux pas dans le couloir avant de se retourner vers la blonde.

- C’est quoi ce délire ? Qu’est-ce que tu fous là ? Tu pouvais pas me dire que tu bossais là hier histoire que je fasse pas la conne avec une interne ?

Wouw, alors là, c’était la preuve qu’Erika ne contrôlait plus rien et que ça l’énervait. Pas spécialement qu’elle aimait contrôler les choses mais là il fallait bien dire que tout lui échappait complètement et que ça commençait à être le vrai bordel dans sa tête. Elle avait déjà donné question relation supérieur/inférieur à Phoenix et elle n’avait pas vraiment envie de recommencer, même pour une nuit.

- Putain, la journée va être longue.

Enchaîna-t-elle dans un soupir sans même laisser le temps à l’interne de lui répondre.

« Oh mon dieu! Mais qu’est-ce que je vais faire ?! »

Fut la première réaction que Louhanne eut en croisant le regard de la résidente. Elle voyait bien que cette dernière était autant gênée qu’elle mais avait-elle les même raisons. Pour sa part, Louhanne venait de coucher avec une fille. Ce qui n’est pas censé arriver quand on aime les hommes. Et Louhanne adorait vraiment les hommes. Était-elle passée sur l’autre bord ? Louhanne n’était plus sûr de rien. De plus c’était sa résidante qu’elle c’était faite, pas n’importe qui, sa supérieure. Seul point plutôt positif, la jeune interne aimait beaucoup la cardio et comptait faire la majorité de ses gardes là-bas et non en orthopédie, elle ne serait donc peut-être pas obliger de la croiser tout le temps. Vu comme c’était embarrassant, il fallait mieux ne pas passer trop de temps avec elle.

Louhanne sourit au patient et à sa femme même si ses pensées étaient complétement ailleurs. Avec chance, la jeune interne avait développé une capacité en faisant ces études de médecine, elle pouvait lire très vite un dossier entier. Elle lisait en quelque sorte en diagonal et retenait tout ce qui était essentiel. Pour elle c’était une capacité de survie, n’ayant presque jamais rien fait dans sa vie pour avoir de bonnes notes la jeune femme avait dû s’adapter en médecine. Avec tous les bouquins et les cours à lire et à retenir Louhanne avait dû trouver un moyen de survit pour ne pas se perdre et gagner du temps. C’était d’ailleurs grâce à ça qu’elle avait réussi ses études. Sans cette capacité elle se serait perdue dans ses cours dès la première année.

- Oh ne vous inquiétez pas docteur, ma femme va bien me le rappeler. Et moi j’espère pouvoir avoir votre numéro la semaine prochaine pour mon fils. Vous le verriez, aussi beau que son père.

Louhanne se mit à rire intérieurement. Déjà dire à une femme que son fils est aussi beau que lui quand on est son père c’est un danger qu’il ne faut mieux pas prendre si on veut vraiment le caser. Et puis à ce que Louhanne avait vu la jeune femme n’était pas vraiment de ce côté du camp. Enfin après elle pouvait se tromper. Peut-être que cette dernière n’était pas du genre à aimer les femmes, comme Louhanne.

L’interne sortit de ses pensées en voyant le docteur Mendoza prendre les dossiers et sortir de la chambre. Elle fit ses adieux au couple et sortit également de la chambre. Sur les talons de la résidente, Louhanne était embarrassé. Devait-elle dire quelque chose ou faire comme si il ne c’était rien passé. Peut-être devait-elle attendre la fin de la garde. Louhanne était largué sur ce coup-là, elle qui avait toujours une longueur d’avance, qui se croyait supérieur aux autres et donc prenait toutes les décisions. Elle ne savait pas très bien quoi faire et avant même qu’elle n’ose seulement tenter quelque chose, la résidente se retourna et la foudroya sur place.

La première réaction de Louhanne fut la surprise, en plein milieu du couloir la jeune résidente lui hurlait dessus. Si elle avait voulu garder son calme en parler à la belle blonde c’était raté. Elle venait de reprocher à Louhanne d’être une interne au SGMH et de ne pas lui avoir dit hier soir. Ça c’était le pompon. Louhanne passa de la surprise à la colère.* Non mais elle ne va pas bien !* se dit-elle intérieurement. Et avant même que Louhanne n’est pu rétorquer quelque chose elle reprit la parole en annonçant que la journée allait être longue. Pour Louhanne s’en été trop. Elle avait deux possibilité maintenant, soit se taire et régler leur compte plus tard (ce qui était s’en nul doute le plus judicieux) soit riposter et prendre le risque de se faire de nouveau incendier. Louhanne n’eut besoin que d’une seconde pour choisir la seconde option. Vu son caractère elle n’aurait absolument pas choisit la première. Elle fit quelque pas avec la résidente quand elle vit une chambre vide à sa gauche, sans même réfléchir Louhanne rattrapa la jeune femme, lui pris le poignée et l’amena dans la pièce vide. Au moins, ici, il n’y aura pas d’oreilles indiscrètes.

« Non mais ça va pas ! Faut que tu te calme, je ne t’ai rien fais ! C’est toi qui m’as presque sauté dessus hier, tu te rappelles. Et puis d’abord, pour ta gouverne, hier soir tu te fichais bien de quel métier je faisais, non ? Tu ne m’as même pas dit le tiens je te signale, je pourrais te rétorquer la même chose. »

Louhanne la regarda en pensant qu’il ne fallait tout de même pas exagéré, elle ne lui avait pas dit son métier mais elle s’en foutait hier soir. Et puis elle n’allait pas étaler sa vie devant la première personne qu’elle rencontre en soirée quand même.

« Si tu continues comme ça alors oui, putain qu’la journée va être longue »

Louhanne retenait sa respiration en espérant ne pas se faire incendié car elles avaient peut-être couché ensemble mais c’était sa supérieur et elle avait tous les droits de la maltraiter aujourd’hui.

Sans vraiment attendre de réponse de la part de la blonde face à elle, Erika commença à marcher en direction de la prochaine chambre qu’elles devaient visiter pour les pré-op. Elles avaient fait à peine une dizaine de pas dans le couloir quand elle sentit la main de l’interne se fermer sur son poignet pour la tirer dans une chambre vide. Elle jouait à quoi là ? Alors qu’Erika commençait à paniquer sur les intentions de la jeune femme, celle-ci répliqua enfin sur le même ton que l’hispanique quelques minutes plutôt, provoquant, paradoxalement, une pointe de soulagement chez la résidente.

- Moi je t’ai sauté dessus ? Ta mémoire flanche à cause de la 2ème bouteille de tequila ou bien ? J’te signale que c’est toi qui a commencé à me faire du rentre-dedans !

Commença aussitôt la latina toujours sur le même ton. Ok, elle avait peut-être oublié de demander ce que la blonde faisait dans la vie pour éviter ce genre de situation mais l’interne non plus ne lui avait pas demander donc elle ne pouvait pas lui rétorquer la même chose. Ce fut à cet instant qu’elle se rendit compte qu’elles agissaient comme des gamines de 5 ans à vouloir rejeter la faute sur l’autre. L’hispanique poussa alors un nouveau soupir afin de se calmer un minimum et s’adressa de nouveau à Louhanne d’un ton beaucoup plus calme.

- Ok stop ! On s’en sortira pas si on commence comme ça. On a merdé toutes les deux hier soir et voilà. Ce qui est fait est fait, c’était hier soir, donc voilà, on fait comme si de rien n’était et on fait gaffe toutes les deux pour que ça se passe bien aujourd’hui. De toute façon, j’suis pas du genre à tenir en relation donc au moins, les choses sont claires maintenant.

Lâcha-t-elle comme dernière phrase avant de se diriger vers la porte de la chambre. Elle venait de faire un pas dans le couloir après avoir ouvert la porte quand elle entendit la blonde dans son dos lui dire que de toute façon, elle était hétéro. Stupéfaite, Erika fit immédiatement demi-tour pour faire face à son interne.

- Quoi ?!

Alors qu’elle était en train de se dire en boucle que ce n’était pas vrai, qu’elle était en train de rêver, le docteur Hennings répéta sa phrase, bien que la question d’Erika était purement rhétorique. Elle leva de nouveau le regard vers la blonde avant de lui dire d’un air très sérieux en lui tendant les dossiers :

- Tiens moi ça s’il te plait.

Elle mit alors tous les dossiers dans les bras de l’interne avant d’en reprendre un seul. Et là… Comment dire ? … Vous voyez Dobby dans Harry Potter qui se frappe avec tout et n’importe quoi pour se punir de dire du mal de ses maîtres ? Et bien Erika était en train de faire un remake de cette scène en se frappant le front avec le dossier qu’elle avait dans les mains.

- Mais tu vas arrêter un jour ? Stop ! Stop ! Stop ! ¡ Detienes de desviar heterosexuals ! ¡Salga solo con chicas que quieran las chicas ya !
Spoiler:

Comment se rendre encore plus ridicule en quelques secondes ? Et bien en faisant ça devant son interne qui devait sans doute s’attendre à tout, sauf à ça. Surtout qu’Erika ne s’était même pas rendu compte qu’elle était passée à l’espagnol. Et la résidente s’arrêta aussi soudainement qu’elle avait commencé et reprit son air tout à fait sérieux avant de reprendre ses dossiers.

- Merci… Bon, café ! Là, ça devient une urgence.

Conclu-t-elle comme si rien ne venait de se passer et en commençant à se diriger vers les escaliers les plus proches avec la ferme intention d’aller s’acheter le café le plus serré qu’il y avait dans cet hôpital.

[HJ : Folle ? Vous avez dit folle ? Je vois pas de quoi vous parlez Razz

]

Et voilà, Louhanne était dans la moise jusqu’au cou, la résidente rejetait la faute sur elle alors qu’elle n’avait rien fait, elle était hétéro quand même. Louhanne passa une main dans ses cheveux signe d’embarras et d’agacement. À peine arrivé au SGMH, elle avait déjà réussi à coucher avec une résidente puis se la mettre à dos, génial. Elle n’aurait pu faire pire. Louhanne n’en revenait pas de ce que venait de lui dire la jeune femme, bon il était vrai qu’elle avait commencé à lui faire du rentre dedans mais quand on enchaine les bouteilles de téquila, il est scientifiquement prouvé que l’on ne contrôle plus grand-chose. Mais ce n’était pas elle qui avait précipité les choses, elle n’avait fait que flirter, elle ne l’avait absolument pas invité à l’embrasser et c’est ce que lui répliqua la blonde :

« C’est vrai, je t’ai fait de rentre dedans, mais ce n’était que du flirte. C’est toi qui m’a embrassé et à commencé à me déshabiller. Pas l’inverse. »

Fallait pas exagérer quand même, les torts était partagé. Louhanne remarqua alors que la jeune résidente était ailleurs, elle était prise dans ces pensées et n’avait probablement pas entendu sa réponse. Quelle importance, après tout puisque la jeune interne venait de se rendre compte qu’elle faisait la même chose que la résidente, elles se renvoyaient leurs torts mutuellement. Elles avaient l’air de deux mômes qui refusent de voir la réalité en face et c’est d’ailleurs ce que la résidente lui répliqua.

Louhanne était soulagé, la résidente venait de mettre les choses à plat, il n’y aurait plus de problème normalement. Après tout, elle avait raison, ce qui c’était passé hier restait entre elles et tout irait bien. De toute façon Louhanne n’était pas du genre à avoir des relations qui durent plus de deux jours et généralement elles ne durent même pas une journée, seulement une nuit. La belle blonde aimait les coups d’un soir et non tout le tralala d’un couple.

« Oui, tu as raison. Hier, il ne s’est rien passé entre nous deux, tout va bien et tout ira bien. De toute façon moi non plus je ne suis pas du genre à avoir des longues relations, bien au contraire. Et puis, il faut bien que je t’avoue que je suis hétéro quand même. »

La jeune femme était déjà en train de repartir quand elle s’arrêta net et demanda à Louhanne de répéter ce qu’elle venait de dire. Cette dernière avait presque murmuré sa dernière phrase, elle comprit donc qu’on lui fasse répéter. Mais quand Louhanne redit la même chose, la résidente n’écoutait plus. Elle lui tendit des dossiers et n’en garda qu’un seul. Louhanne décida de se taire alors et de prendre les dossiers dans ses mains. Mais elle faillit tout lâcher quand le docteur Mendoza commença à se taper dessus.

Louhanne ouvrit grand les yeux et la bouche : *mais qu’est-ce qu’elle foutait ?!*. Elle regarda, sans bouger, le spectacle ahurissant qui se tenait devant elle. Et comme ça ne suffisait pas, la résidente commença à parler espagnol et à s’engueuler elle-même. Louhanne ne comprenait absolument rien et ne chercher même pas à comprendre ce qu’elle disait. Après tout, elle avait fait du Français et de l’italien au lycée. Et bien qu’en Français elle se débrouillait pas mal, elle ne comprenait pas un mot d’italien, alors l’espagnol il ne valait mieux pas y penser. Louhanne sortit de ses pensées et lâcha :

« Mais ça va pas ! Arrête ! »

Elle était tarée, oui, le mot était juste. Louhanne n’avait jamais vu quelqu’un se taper dessus et surtout pas comme ça. Il fallait qu’elle cesse sinon elle allait se faire mal. Et quand la résidente s’arrêta et reprit aussitôt son sérieux, Louhanne se demanda sérieusement si elle n’était pas tombée chez les fous. Elle aurait peut-être mieux fait de ne pas faire d’études, de rester chez elle et de vivre grâce à l’argent de ses parents. Elle aurait vraiment dû faire ça. Après s’être ridiculisé elle-même la jeune résidente reprit les dossiers et partit en direction de la cafeteria pour prendre un café. Louhanne n’ajouta rien, de peur de provoquer une nouvelle crise et marcha derrière elle.

« Deux café, s’il-vous-plait »
« Tout de suite, répondit la dame »

En récupérant les deux cafés, les deux jeunes femmes se décalèrent et se mirent dans un coin pour boire avant de repartir. Louhanne en profita pour éclaircir quelques petits trucs :

« Dis-moi, ça t’arrive souvent de te taper toute seule avec un dossier ou un autre objet ? Je te demande ça parce tu es la première personne que je vois faire ça et c’est vraiment…très étrange. Et au passage, ton espagnol a l’air parfait mais je n’ai pas compris un seul mot. »

Louhanne espérait vraiment que c’était la première fois que la jeune femme faisait ça sinon elle devrait sérieusement voir quelqu’un, comme un psy par exemple. Faut être un petit peu déranger pour se taper quand même. Louhanne se mit alors à rigoler toute seule en repassant à la scène, cela avait vraiment été étrange mais au final, c’en était plutôt drôle. Le docteur Mendoza la regarda bizarrement puis se mit à rire avec elle. Après avoir fini, les deux femmes reprirent leur sérieux et partir vers la prochaine chambre. Il était grand temps de se mettre au boulot. Louhanne suivit donc la résidente en essayant de chasser tous les souvenirs qui lui revenait en mémoire. Ce n’était vraiment pas le moment de repenser à cette nuit, elle devait tout oublier.

[HS: folle? Moi je trouve que c'est un mot trop faible pour caractériser ça ^^ Wink

]

Erika n’entendit pas son interne lui dire d’arrêter de se frapper, trop occupée à s’engueuler elle-même. Pourquoi fallait-il qu’elle détourne aussi "facilement" des hétéros même l’espace d’une nuit ? Elle commençait sérieusement à envisager l’idée de s’exiler sur une île déserte pour arrêter ça. Reprenant finalement son sérieux, elle aperçut brièvement la surprise de la blonde devant la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux mais Erika décida de faire comme si de rien n’était et tourna les talons en direction de la cafétéria. Elles firent le chemin dans un silence assez gêné sans réellement savoir si elles étaient mal à l’aise vis-à-vis de cette nuit, de la garde qui allait suivre ou de ce qu’il venait de se passer dans le couloir.

L’interne demanda deux cafés et une fois servies, elles se mirent dans un coin un peu plus loin pour pouvoir boire sans être dérangées. Le docteur Hennings en profita pour briser enfin le silence et demander quelques précisions sur ce qu’il venait de se passer. L’entendant commencer à rire toute seule, Erika tourna la tête vers elle en se doutant bien qu’elle rigolait en se remémorant la scène. Elle s’était vraiment mise à parler espagnol ? Elle ne s’en était même pas rendu compte sur le moment. Malgré tout, l’hispanique se mit à rigoler également avant de porter son gobelet à ses lèvres pour boire une nouvelle gorgée de café.

- Je me suis même pas rendue compte que je me suis mise à parler espagnol je t’avoue. Mes parents sont argentins donc on parle principalement espagnol à la maison… Enfin, chez eux, précisa-t-elle concernant son espagnol.

Vu le nom qu’elle avait, elle pensait que, comme les trois quarts de ses collègues, l’interne se serait doutée qu’elle était d’origine sud-américaine. Mais bon, il fallait avouer qu’Erika avait encore un peu de mal à se rappeler le prénom de la blonde alors qu’elles avaient passé la nuit ensemble. Les effets de l’alcool sur la mémoire.

- Et non, je me tape pas souvent, ça devait être seulement la 2ème fois que je faisais ça. C’est une de mes réactions quand j’apprends que j’ajoute une nouvelle hétéro à mon "tableau de chasse" comme dit ma meilleure amie on va dire.

C’est vrai que même si beaucoup de femmes auraient aimé avoir son "don" auprès des autres femmes, Erika en avait marre depuis ses 22 ans, quand elle avait perdu le compte des filles détournées. Et à ce moment-là, elle en était déjà à 27 alors imaginez un peu ! Elle n’avait jamais cherché à faire ça, contrairement à certaines filles, et pourtant… Bah elle le faisait et il fallait bien avouer que depuis un bon moment maintenant, elle détestait ça.

- Enfin bref, c’est pas tout ça mais on a des patients nous, lança-t-elle pour couper court à la conversation avant de prendre le premier dossier de la pile et de l’ouvrir. Alors, qu’est-ce qu’on a ?... Caleb Thompson, 17 ans, chute en BMX. Epaule démise, fracture en trois de l’humérus, poignet cassé… Roooh, mais c’est à la mine de se charger de ça normalement ! Ah pardon, pas lu jusqu’au bout. Fracture ouverte du fémur droit et rotule à refaire. Ca sens le bloc !

Acheva-t-elle en refermant d’un coup le dossier et en commençant à partir en direction de la chambre. Rien de mieux qu’un bon cas orthopédique pour oublier ce qu’il s’était passé cette nuit. Enfin, c’est ce qu’elle espérait en tout cas. Arrivée devant la porte de la chambre, elle posa sa main sur la poignée avant de se tourner vers l’interne. Qui était un peu trop près d’un coup à son goût.

- Euh… Oui ! Il a été admis hier en début de soirée avec une fracture ouverte mais vu qu’on doit lui refaire la rotule, il a du passé la nuit ici avec ça. Donc il y a une sorte de cage en fer au niveau de sa jambe pour la protéger et l’empêcher de se faire encore plus mal et il est sous morphine depuis qu’il est là. Evite de regarder de façon trop insistante sa jambe et ne fait pas gaffe à ses divagations s’il plane à cause de la morphine ok ? Ça risque d’être impressionnant si c’est ta première garde en ortho mais tu verras, au bout d’un moment on s’y habitue.

Après avoir donné ses instructions à l’interne afin d’éviter tout problème diplomatique avec le patient et sa famille, Erika cala ses dossiers sons son épaule et toqua rapidement à la porte avant d’entrer dans la chambre.

- Mme Thompson ? Bonjour, je suis le docteur Mendoza, c’est moi qui vais m’occuper de votre fils. Et voici le docteur Hennings qui m’assistera pour la journée.

Se présenta rapidement la jeune femme avant de s’installer sur la table au pied du lit de l’adolescent et d’ouvrir le dossier de celui-ci.

[HJ: Mouahah Une garde plutôt spéciale [PV Louhanne Hennings] 3484979881

Au moins, j'ai bien rigolé en l'écrivant XD]

La résidente répondit à Louhanne qu’elle ne c’était même pas rendu compte qu’elle avait parlé espagnol, c’était quand même fort ça. Remarque, elle devait être tellement habituée à parler deux langues qu’elle ne faisait plus la différence entre les deux. Au passage, Louhanne en appris un peu plus sur la jeune femme, ce n’est pas qu’elle l’intéressait mais elle avait couché avec elle quand même et sans même savoir comment elle s’appelait. Ou peut-être le savait-elle mais l’alcool lui avait fait oublier. De toute façon, pour l’instant, c’était mieux de ne pas savoir, sinon elle pourrait l’appeler par son prénom sans faire exprès et ça deviendrais trop bizarre. Il fallait qu’elles fassent comme si de rien était alors l’interne ferait comme si il ne c’était rien passé.

Puis le docteur Mendoza enchaina en lui expliquant qu’elle ne se frappait pas souvent. Tant mieux, Louhanne lâcha un soupir de soulagement. Elle n’était peut-être pas aussi folle que ce que la blonde avait imaginé. Et pour finir, elle lui annonça qu’elle avait cette réaction quand elle apprend qu’elle a couché avec une hétéro et que ça lui rajoute donc une dans son « tableau de chasse ». Génial, Louhanne était dans le tableau de chasse de sa résidente. Elle redevint gênée.

« Alors comme ça, je ne suis pas la seule hétéro avec qui tu as couché, euh…super. C’est…bizarre de se dire que je fais partit de ton « tableau de chasse, quand même ».

Elle avait prononcé la dernière phrase comme si ça la déranger et c’était le cas mais seulement parce qu’elle était une fille. Si ça avait été un homme, Louhanne n’aurait pas été aussi embarrassé, elle collectionnait également les coups d’un soir donc on pouvait dire qu’elle avait aussi un « tableau de chasse » bien qu’elle ne souvienne pas de tous les hommes avec qui elle avait passé une nuit.

Puis la résidente coupa court à la conversation et enchaina sur le dossier de leur futur patient. C’était un jeune garçon qui était tombé. C’était un cas chirurgical car on devait lui refaire la rotule. Tant mieux, l’interne pourrait peut-être aller au bloc. Surtout qu’elle n’était encore jamais allée au bloc dans le service d’orthopédie. Louhanne suivit le docteur Mendoza qui repartait. Elle jeta son café dès qu’elle put et elles arrivèrent devant la porte. La belle blonde suivait de très près sa résidente de peur de raté une information cruciale qu’elle pourrait lui donner, si bien que quand cette dernière se retourna elle se retrouva à quelques centimètre de Louhanne. Très embarrassé, elle recula d’un pas et écouta les explications.

« Très bien, j’ai compris. Il n’y aura aucun souci. »

Louhanne avait déjà fait une garde en orthopédie mais les cas qu’elle avait eu n’avait pas été très impressionnant, elle était donc contente que ce patient soit un peu plus intéressant. Les deux femmes entrèrent dans la pièce et le docteur Mendoza les présenta. Louhanne adressa un bonjour à la famille et regarda le patient. C’est vraie que c’était impressionnant mais elle avait déjà vu pire et resta donc de marbre. Elle sortit de ses pensées quand elle entendit le patient faire un bruit bizarre. Un genre de rire mélangé avec les bruits que font les bébés. Louhanne se tourna vers lui et sourit quand il commença à lui parler :

« C’est vous mon docteur ? Hihi. C’est cool, vous êtes parfaite, vraiment…parfaite. »

Finit-il avec un sourire immense. Louhanne tourna la tête vers sa résidente, gênée et morte de rire intérieurement. Oui, la morphine faisait effet. Puis le docteur Mendoza expliqua la procédure à la famille et posa quelques questions à son interne pour vérifier qu’elle connaissait parfaitement ce qu’il fallait faire dans ce cas. Louhanne répondit sans commettre de faute et gagna son ticket d’entrée pour regarder au bloc. La résidente lui demanda alors de préparer le patient pendant qu’elle finissait de remplir le dossier et de parler à la famille. Louhanne s’exécuta rapidement et emmena le patient au bloc opératoire.

« Merci de me laisser venir au bloc docteur Mendoza »

Lança la jeune interne sur le chemin. Louhanne débutait dans ce métier et dans certains cas elle n’avait pas eu la possibilité d’aller au bloc et c’était la même chose pour tous les internes. Pendant que les deux jeunes femmes se lavèrent les mains ainsi que les avant-bras Louhanne ne savait pas trop quoi dire. Et pourtant, dès qu’elle était allée au bloc avec d’autres chirurgiens, la conversation était venue toute seule. Que ça soit elle ou son collègue, il n’y avait jamais eu de blanc comme ça.

« Alors…tu l’as fait souvent cette intervention ou c’est une de tes première fois ? »

[HS: j'imagine bien xD]

La blonde avait l’air gênée de savoir qu’elle n’était pas la seule hétéro avec qui Erika avait couché et qu’elle faisait désormais partie du "tableau de chasse" de la brune. Au moins elles seraient deux à ne pas être à l’aise. Et oui, malgré tout, Erika n’était pas toujours à l’aise avec ça et encore moins face à des hétéros.

- Oh non, t’es loin d’être la seule et c’est bien ça qui me soule… Et t’inquiète pas, je déteste dire que j’ai un tableau de chasse aussi important comme pour m’en vanter.

Commença à se rendre compte que cela devenait vraiment plus que gênant entre elles, Erika coupa court à la conversation en parlant de leur futur patient.

Après être entrée dans la chambre de celui-ci et s’être présentée à la mère de l’adolescent, elle fut assaillit de questions de la part de la femme d’une quarantaine d’année alors que son fils semblait être en train de draguer ouvertement le docteur Hennings. Essayant de calmer un maximum ses inquiétudes, l’hispanique répondit calmement et précisément à toutes ses questions et expliqua deux fois la procédure sur la demande de la mère paniquée. Elle en profita également pour poser des questions à son interne, principalement sur le post-op et le rétablissement de l’adolescent, et avec que des réponses correctes, la blonde gagna sa place au bloc. Après lui avoir demandé de préparer leur patient pour le bloc, elle termina rapidement de remplir le dossier de celui-ci avant de se diriger vers les blocs avec son interne qui la remercia.

- Bah de rien, même si c’est normal. Comment tu veux apprendre si tu ne viens pas au bloc ? Les bouquins, c’est mignon mais ça reste quand même purement théorique.

Lança-t-elle en retrouvant enfin sa place de résidente auprès d’un interne quelconque. Peut-être qu’elle allait réussir à oublier cette nuit finalement, à moins que cela ne soit que passager. Arrivant dans le vestibule, les deux jeunes femmes commencèrent à se laver les mains et les avant-bras dans un silence qui commençait véritablement à devenir pesant.

- Alors…tu l’as fait souvent cette intervention ou c’est une de tes première fois ?

Ce fut donc son interne qui trouva finalement comment casser ce silence et Erika en profita pour enchainer.

- En solo ? Ce sera la 3ème rotule que je vais refaire. Sinon, j’ai déjà assisté une dizaine de fois Kendall sur ce genre de cas. Enfin, mon ancienne titulaire.

Expliqua la résidente en commençant à se demander comment elle avait pu avoir l’idée d’appeler son ancienne titulaire par son prénom devant son interne. Et pourquoi elle repensait à elle en plus ? Remarquez, il valait peut-être mieux penser à elle qu’à sa nuit avec son interne.

- Enfin bref… Partante pour t’occuper de la fracture ouverte une fois la rotule refaite ?

Proposa-t-elle à la blonde en tournant enfin la tête vers elle avec un léger sourire.

Louhanne n’était donc absolument pas la seule hétéro qu’elle c’était faite et vu comment elle en parlait, ce n’était sans doute pas la dernière. Louhanne était surprise, comment elle faisait pour convertir autant d’hétéros, même pour une nuit. Louhanne n’avait jamais attiré les femmes, enfin jusqu’à hier soir. Et elle n’avait jamais était attiré par elle. Enfin c’est ce dont elle essayait de se persuader, de plus en plus. Pour ne plus y penser, Louhanne frotta plus fort ses mains sous le lavabo, provoquant un regard surpris de sa résidente. Elle était embarrassé, elle ne savait pas quoi faire. Heureusement sa résidente répondit très vite à sa question et Louhanne se détendit peu à peu :

- En solo ? Ce sera la 3ème rotule que je vais refaire.

Donc ce n’était pas la première fois, tant mieux. Elle ne devait donc pas être trop stressée et savait exactement ce qu’elle faisait. Louhanne inspira et sourit, elles parlaient de médecine, enfin quelque chose de normal. Car il faut bien avouer que depuis ce matin rien n’avait été normal entre les deux femmes. Puis le docteur Mendoza ajouta deux phrases qui dérangèrent de nouveau la jeune interne :

-Sinon, j’ai déjà assisté une dizaine de fois Kendall sur ce genre de cas. Enfin, mon ancienne titulaire.

Kendall… ? Elle appelait son ancienne supérieure par son prénom. Au niveau professionnel ce n’était vraiment pas bon. Mais vu que c’était son ancienne titulaire et non celle de maintenant, peut-être avait-elle le droit. Après tout, quand on travaille pendant longtemps avec la même personne, des liens se tissent, des liens plus que professionnelle. Louhanne espérait seulement qu’elles avaient juste eu une relation amicale avec cette dernière et puis si ce n’était pas le cas, elle ne voulait pas le savoir. Elle en savait bien trop sur la vie intime de sa résidente. Vraiment trop.

« Donc tu sais bien maitriser cette opération, super. Kendall… ton ancienne titulaire ? Pourquoi ancienne au fait, elle est partit du SGMH ? »

Après lui avoir donné une réponse assez vague sur la question, la résidente passa à un autre sujet et proposa même à l’interne de s’occuper de la fracture. Louhanne était aux anges. Jusqu’à présent elle n’avait fait qu’observer, voir aider un peu mais elle ne c’était encore jamais occuper seule d’un truc au bloc. Ca ne faisait pas longtemps qu’elle était là et c’était bien normal. Louhanne sourit au docteur Mendoza et lui donna sa réponse :

« Absolument. Avec grand plaisir. »

Les deux jeunes femmes entrèrent l’une derrière l’autre dans le bloc chirurgical, finirent de s’habiller avec l’aide d’infirmières et se postèrent chacune d’un côté. Le patient était encore réveillé, le docteur Mendoza lui dit quelques mots puis l’anesthésiste l’endormie. L’opération commença. Au fur et à mesure que le docteur Mendoza pratiquait l’intervention, elle expliquait soigneusement ce qu’elle faisait à son interne. Louhanne écoutait attentivement et posa quelques questions. Louhanne espérait de tout son cœur qu’il n’y est aucune complication pour qu’elle puisse s’attaquer à la fracture mais le destin en décida autrement. Après un très long moment, à l'instant où la résidente pensait en avoir fini, une complication arriva. Les machines se mirent à sonner.

« Il s’enfonce docteur Mendoza, annonça la jeune interne. »

Erika se serait bien giflée à l’instant même où elle avait prononcé le nom de son ex mais après l’épisode des dossiers dans le couloir, son interne l’aurait immédiatement fait admettre au service psychiatrie. Quelle idée de parler d’elle maintenant ? Juste avant une opération et devant son interne en plus ! Il ne fallut que quelques secondes à la blonde pour demander si Kendall était partie du SGMH. Erika eut d’ailleurs un bref petit rire amer à la question de la blonde. La titulaire n’avait jamais les pieds à Seattle et encore moins ici et l’hispanique ne s’en portait pas plus mal, elle n’avait pas envie d’assumer pleinement ses actes à l’heure qu’il était.

- Non, c’est moi qui suis partie… Je suis ici depuis à peine 3 mois.

Répondit finalement vaguement la résidente sur un ton qui se voulait neutre mais dans lequel on pouvait tout de même deviner une pointe de tristesse. Elle décida de changer de sujet en proposant à son interne de s’occuper de la fracture. On avait beau dire, il était simple de détourner un interne d’un sujet : il suffisait qu’on leur propose une opération compliquée, un cas impressionnant ou même de faire quelque chose d’autres que d’observer dans un bloc et ils oubliaient le reste. Mais elle ne pouvait pas vraiment critiquer, elle avait été exactement pareil lorsqu’elle était interne.

D’ailleurs, quand la blonde lui répondit qu’elle était plus que partante, Erika ne put s’empêcher de lui adresser un sourire sincère et enthousiasme. Oui, la chirurgie pouvait faire oublier beaucoup de chose finalement : une vie amoureuse chaotique, une fusillade, une exe pour laquelle on éprouve plus de sentiments qu’on ne le pensait, une aventure d’un soir avec son interne du jour…

- Alors c’est parti.

Lança-t-elle à la blonde d’un ton enjoué en recommençant enfin à reprendre un peu pied. Des infirmières de blocs les aidèrent à finir de se préparer et une fois arrivées au niveau de l’adolescent, encore éveillé, Erika lui expliqua calmement qu’elles allaient l’endormir durant tout le temps de l’opération et qu’il se réveillerait avec un genou tout neuf et une jambe guérie. Se faire le plus rassurant possible, quel que soit le cas, une des premières leçons que lui avait apprise son ancienne titulaire. L’anesthésiste endormit le patient au moment où Erika respira profondément avant de soupirer en gardant les yeux fermés. Elle était au bloc maintenant, elle ne devait penser à rien d’autre qu’au jeune homme de 17 ans allongé sur cette table. A rien d’autre.

Ouvrant les yeux, elle demanda aussitôt l’instrument dont elle avait besoin et commença l’opération. Durant toute la procédure, elle prit soin de tout expliquer le plus clairement possible à son interne en face d’elle et de répondre le plus précisément possible à ses questions. Au bout de deux heures de travail, Erika était sur le point de finir et l’indiqua à son interne. Elle finit de replacer la nouvelle rotule quand les machines se mirent à sonner autour d’elle et que son interne lui dit que l’adolescent s’enfonçait. Gardant son sang-froid et ne quittant pas son travail des yeux, Erika ne mit que quelques secondes à trouver ce qui n’allait pas et s’adressa sur un ton posé à son interne qui semblait au bord de la panique.

- Pas de panique docteur Hennings, j’ai trouvé le problème. J’ai coincé une des artères principales de la jambe en repositionnant trop brusquement la rotule. Venez de mon côté s’il vous plait et tenez moi ça.

Elle tendit les instruments servant au maintien de l’articulation à son interne une fois qu’elle fut à côté d’elle et attrapa un crochet qu’elle fit glisser le long de la partie libre de l’artère jusqu’au moment où elle buta contre la rotule. Epaule contre épaule avec son interne, elle était tellement dans son opération qu’elle ne se rendit même pas compte qu’elle venait de la vouvoyer et en oublia complètement qu’elles avaient passé la nuit ensemble et que ce soudain rapprochement aurait pu les mettre mal à l’aise toutes les deux.

- A trois, tirez les instruments d’un demi-centimètre vers vous d’accord ? Un.. Deux… Trois.

L’interne s’exécuta et Erika souleva le crochet de quelques millimètres pour décoincer l’artère et la remettre à sa place d’origine. Elle indiqua au bout de quelques secondes à son interne qu’elle pouvait remettre la rotule comme tout à l’heure, lui laissant ainsi le soin de vraiment remettre l’articulation à sa place. C’est comme ça qu’on apprenait le mieux non ? Les machines arrêtèrent leur concert de bruits et le patient se stabilisa seul, sans l’aide des deux médecins qui étaient dans le bloc.

- Et voilà. La rotule est comme neuve. On passe au fémur ?

Annonça-t-elle en tournant la tête vers la blonde, se rendant enfin compte du peu de distance qui les séparait.

- Euh…. Tu veux repasser de l’autre côté ou tu vois mieux de là ?

Hasarda-t-elle, ne sachant plus vraiment ce qu’elle devait dire ou faire. Pourquoi elle réagissait ainsi avec la blonde alors que ce n’était qu’une aventure d’un soir ce qu’il y avait eu entre elles ? Sans parler du fait qu’elle était hétéro et donc qu’il n’y avait pas la moindre raison qu’Erika ne sache plus quoi dire quand la blonde était aussi près d’elle. Reconcentre toi ma grande ! Pense à l’opération, à la fracture ouverte. Pense à l’opération. commença à se dire mentalement l’hispanique en attendant la réponse de son interne.

Le docteur Mendoza répondit vite et vaguement à la question de Louhanne. Elle n'était donc pas au SGMWH depuis longtemps. Où est-elle avant alors? Et pourquoi est-elle partit? Furent les premières pensées de Louhanne. Elle avait également remarqué que la jeune femme était plutôt triste. Sans doute n'était-elle pas partit avec joie, elle y avait peut-être était obligé. Et avant qu'elle ne puisse poser la moindre question, la résident proposa à Louhanne de s'occuper du fémur. Louhanne oublia totalement le passé de la jeune femme et se réjouit à l'idée de faire plus qu'observer.

Après être rentré et avoir commencé l'opération, Louhanne se mis à paniquer. Le patient s'enfonçait, une complication venait d'arriver. Les machines sonnaient de partout et tout le monde s'activait. Louhanne ferma une seconde les yeux et repris confiance en elle. Ce n'était pas le moment de stresser et de tout foirer. La chirurgienne en face d'elle avait immédiatement trouvé le problème et demanda à la jeune interne de venir l'aider. Louhanne remarqua le vouvoiement qu'avait utilisé la jeune femme mais n'y fit pas attention et changea de côté aussi vite que possible. Elle écouta attentivement sa résidente, pris en mains les instruments et attendit. Elle était censé tirer d'un demi-centimètre vers elle et se prépara pour le faire sans aucune faute. Au moment où sa résidente lui dit de tirer elle se lança, puis cette dernière lui indiqua de repositionner la rotule. Elle s'exécuta avec douceur et sans causer le moindre problème. Louhanne souffla de soulagement, le patient ne risquait plus rien, pour l'instant.

Elle sourit à sa résidente qui lui indiqua qu'elles passaient maintenant au fémur. Louhanne se rendit alors compte qu'elle se trouvait à quelques centimètres d'elle et retint alors sa respiration. Ce n'était vraiment pas le moment de penser à ça ou d'être embarrassé. Ne sachant que faire, trop gênée pour bouger, elle attendit que le docteur Mendoza parle. Et quand cette dernière lui demanda si elle voulait rester de ce côté ou changeait, elle bégaya. Louhanne ne savait que faire, elle se concentra sur le patient et ce rendit compte qu'elle serait bien mieux de ce côté mais qu'allait en penser sa résidente. Elle allait peut-être prendre sa décision pour une technique de drague ou autres rapprochements. Louhanne hésita une seconde mais elle se rappela que c'était le fémur d'un patient qui était en jeu, elle n'avait pas le temps de penser à autre chose.

«Je vais rester de ce côté, docteur. Je vois beaucoup mieux et je suis droitière ce qui facilitera le transfère des instruments. Si ça ne te dérange pas, bien sur.»

Et voilà, sa résidente la regardait bizarrement maintenant. Louhanne baissa les yeux et se concentra sur le patient. Elle savait exactement quoi faire, elle connaissait les mouvements par cœur. Elle avait appris cette opération à l'école de médecine, elle l'avait déjà pratiqué sur des mannequins et était sur d'y arriver sans provoquer le moindre problème.

«Et bien, on y va.»

Louhanne prononça ces quelques mots pour se donner du courage et préciser à la jeune chirurgienne qui était à côté d'elle que l'opération commençait. Elle demanda le premier instrument à l'infirmière de bloc et s'attaqua au fémur du jeune homme. Petit à petit, l'opération approchait à sa fin, l'interne ne se concentrait que sur cette dernière et ne s'occupait pas des gênes qu'il y aurait pu avoir entre les deux femmes. Une fois le fémur refermé et l'opération finit, Louhanne posa le dernier instrument et regarda sa résidente. Elle avait finit et le patient allait très bien. Louhanne était soulagé.

Les deux jeunes femmes se déshabillèrent et allèrent une nouvelle fois se laver les mains et les avant-bras. Il y de nouveau un long silence que Louhanne cassa en parlant:

«Tu as fait un excellent travail. J'ai été ravie de t'assister.»

Elle se sourirent et prirent toutes les deux une serviettes pour s'essuyer quand leurs mains se touchèrent. Louhanne retint sa respiration une seconde et enleva sa main, laissant sa résidente prendre une serviette la première. Des brides de souvenirs se mirent à revenir dans son cerveau, petit à petit. Louhanne, embarrassé, pris une serviette à son tour et sortit de la pièce. Le docteur Mendoza n'avait pas osé la regarder depuis et ça l'embêtait. Bien qu'elle ne préférait pas croiser son regard, elle ne pourrait pas passer toute la journée comme ça. *Il ne manquait plus que ça* pensa Louhanne.

Elles commencèrent alors à marcher quand Louhanne commença une phrase mais ne put la terminer. Le docteur Mendoza avait elle aussi dit quelque chose et elle préféra lui laisser la parole:

«Je t'en prie...»

Lorsque la blonde lui répondit qu’elle préférait rester de ce côté du patient, Erika ne put retenir un regard légèrement surpris vers son interne. Elle était sérieuse là ? Est-ce qu’elle était la seule à être aussi mal à l’aise de leur proximité ? L’hispanique jeta pourtant un rapide coup d’œil vers le patient et se rendit compte qu’effectivement, il serait beaucoup plus facile de travailler de ce côté-là.

- Pas de problème. Je te laisse faire mais je suis quand même là ok ?

Elle s’écarta alors d’un pas de la blonde avec comme prétexte que l’interne aurait une plus grande liberté de mouvement. En tout cas, elle espérait que c’était ainsi que l’interpréterait les infirmières de bloc. C’est d’un œil assez distrait qu’elle surveilla le travail du docteur Hennings, essayant tant bien que mal de se débarrasser de tout malaise et tous souvenirs en lien avec la blonde. Elle intervint cependant une seule fois vers le milieu de la procédure pour donner un conseil à son interne, revenant ainsi à ses esprits et surtout à l’opération. La jeune blonde s’en sortait parfaitement bien même si on sentait quelques hésitations dans ses gestes parfois mais quoi de plus normal quand on débute. Une fois la fracture parfaitement traitée et l’os remis à sa place, le regard des deux jeunes femmes se croisa de nouveau. D’un léger signe de tête, Erika fit comprendre à la blonde qu’elle en avait finie avec le patient et que tout s’était bien déroulé. Elle donna ses dernières instructions aux infirmières de bloc et après avoir refermé le patient, elles se dirigèrent vers la sortie du bloc.

Un nouveau silence s’installa entre elles alors qu’elles se lavaient les mains. Décidément, la journée serait quand même longue si elle était à l’image de cette opération. La blonde cassa cependant le silence, une nouvelle fois, pour complimenter le travail d’Erika. Elle tourna enfin la tête vers son interne avec de nouveau un sourire sincère.

- Merci, tu t’es super bien débrouillée toi aussi.

Détournant de nouveau la tête, elle s’apprêtait à lui demander si elle avait déjà une idée de spécialisation quand leurs mains se touchèrent alors qu’elles la tendaient toutes les deux pour attraper une serviette. Erika eu un léger mouvement de recul de la main à ce contact et arrêta de respirer l’espace d’un millième de seconde alors que son interne enleva complètement sa main. Fermant les yeux l’espace de deux secondes, l’hispanique les rouvrit rapidement et attrapa cette satanée serviette avant de commencer à se sécher les mains et les avant-bras sans adresser le moindre regard à son interne. Ca ne pouvait pas continuer comme ça, ça devenait du grand n’importe quoi. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait faire pour régler ça ? La renvoyer de son service et risquer de laisser une mauvaise impression dans son dossier ? Elle n’avait jamais cherché à démonter le dossier d’un interne, même avec ceux qui étaient particulièrement insolents. Un séjour d’un mois à la mine pour s’occuper des petits bobos était en général une punition suffisante pour qu’ils se calment.

Toujours sans un regard vers la blonde, elle finit par jeter la serviette dans la corbeille destinée à cela et sortit dans le couloir avant d’enlever enfin le calot qu’elle avait sur la tête. Tout ça lui refait penser aux premiers temps entre Kendall et elle quand elles cherchaient absolument à s’éviter pour ne pas perdre le contrôle. Sauf que là, c’était nettement différent ! Elle se retrouvait à devoir faire une garde complète avec une interne avec qui elle était presque sans cesse mal à l’aise à cause de la nuit dernière. Devinant la blonde derrière elle, elle se décida enfin à prendre son courage à deux mains et fit volte-face pour plonger son regard dans celui de son interne.

- Bon écoute.. .

Elle fut coupée par la jeune femme qui commença une phrase en même temps qu’elle.

- Je t’en prie…
- Je… Non, commence toi.

Se rendant compte qu’elles recommençaient à se renvoyer la balle, Erika baissa la tête le temps d’un soupir puis la releva en se passant la main dans les cheveux.

- On fait quoi là ? C’est du grand n’importe quoi, on arrive pas à bosser normalement et j’ai pas envie de te renvoyer de mon service pour qu’on soit plus à l’aise parce que ça se verra sur ton dossier et ça peut compromettre ta carrière. Mais j’ai pas du tout envie que ça recommence comme l’an dernier à Phoenix parce que j’ai suffisamment donné ! Donc faut vraiment qu’on trouve une solution parce qu’à ce rythme, on va péter un plomb avant même midi et je suis là jusqu’à demain soir donc c’est pas vraiment le top.

Dans un nouveau soupir, Erika appuya sa paume sur son front avant de croiser les bras sur sa poitrine et de relever la tête vers son interne. De toute façon, qu’est-ce qu’elles pouvaient réellement faire à prendre sur elles jusqu’à la fin de la garde de la blonde ? Pourvu que, comme le pensait la résidente, la blonde finisse ce soir. Sinon, une chose était sûre, elles risqueraient d’avoir du mal non seulement à finir cette satanée garde mais aussi à l’oublier.

Louhanne était plutôt fière d'elle lorsqu'elle sortit du bloc et encore plus lorsqu'elle reçut un compliment de la part de sa supérieur. La chirurgie, il n'y a rien de mieux pensa Louhanne. C'était tellement excitant qu'on ne pensait plus qu'à ça. Pour la première fois de la journée, Louhanne n'était plus gênée alors qu'elles n'étaient que toutes les deux. Et cela rassura la belle blonde qui se dit que finalement, peut-être, la journée se passerai bien. Mais malheureusement, ce sentiment fut de courte durée car après avoir effleuré la main du docteur Mendoza, l'embarras des deux jeunes femmes revint immédiatement.

La résidente pris la serviette la première, s'essuya puis sortit précipitamment. Louhanne fit de même et suivit la jeune femme, en se demanda ce qui allait se passer. Après avoir enlevé son calot elle rattacha ses cheveux en un chignon désordonné mais beau et laissa tombé quelques mèches autour de son visage. La jeune femme aurait pu avoir les cheveux n'importe comment, elle aurait toujours l'air d'être coiffé. Elle fit quelques pas derrière sa supérieure et parla en même temps que cette dernière. Elle lui fit signe de commençait mais cette dernière n'accepta pas, puis se ravisa. Elle baissa la tête, soupira, pris son courage à deux mains et déballa tous ce qu'elle voulait dire à la belle blonde.

Louhanne était surprise mais finalement contente. Elle n'avait pas vraiment hausser le ton et se contenter seulement de trouver une solution. La jeune interne ne pouvait pas avoir une meilleur opportunité pour mettre les choses à plat avec cette dernière. Elle alla d'ailleurs lui répondre quand quelque chose la frappa dans les propos de sa résidente.

«C'est vrai, on peut pas continuer toute la journée comme ça. Je vais péter les plombs sinon! Je te propose qu'on.... Quoi?! Pheonix? Qu'elle rapport il y a eu avec Pheonix?»

Louhanne était complètement paumé. Mais qu'est-ce qu'il c'était passé là-bas. Premièrement la jeune résidente avait appelé sa supérieure par son prénom, ce qui n'était certainement pas anodin. Puis elle avait quitté Pheonix sans le vouloir, Louhanne avait très bien perçut la note de tristesse dans la voix de la jeune femme quand elle en avait parlé. Et maintenant il y avait cette phrase. Louhanne assembla tous les morceaux et ne voyait qu'une seule hypothèse. Elle avait couché avec une fille là-bas, sa supérieure et avait du partir de Pheonix précipitamment à cause de ça. Les relations entre collègues sont interdites. Louhanne n'en revenait pas, elle n'était pas la seule avec qui la jeune femme avait fait une connerie.

«Ne me dit pas que tu as également couché avec ta titulaire...euh...Kendall?! J'en reviens pas, tu les collectionne ou quoi?»

Louhanne passa les mains sur son visage en venait de s'apercevoir qu'elle avait crié sur une résidente qui plus est dans un couloir de l'hôpital pour lui reprocher d'avoir couché avec sa titulaire. Elle était vraiment mal barré mais d'un autre côté elle avait raison.

«Je suis désole te t'avoir crié dessus mais comprend moi...Je sais plus quoi faire. Et je vais certainement pas partir de Seattle parce qu'on a passé la nuit ensemble et qu'on arrive pas à travailler toutes les deux. Il faut qu'on se trouve un moyen pour enlever toute cette gêne. Et puis, je te signale, que je suis là jusqu'à demain matin. Il va falloir qu'on y mette du notre pour que la fin de notre garde se passe sans problème.»

Louhanne se décala dans un coin pour parler en tout liberté avec la jeune femme. Il ne manquerait plus que quelqu'un soit au courant pour elles deux. Elle réfléchit un quart de seconde et dit:

«Bon, premièrement on a passé une nuit ensemble mais ça ne veut rien dire. Enfin j'espère...Après je suis hétéro donc il n'y a pas moyen pour qu'il se repasse quoi que se soit avec une fille, pour ma part. De plus, tu es ma supérieure, il ne peut rien avoir entre nous. Et enfin, comme tu me l'a dit tu ne veux pas de relation longue durée et moi non. Alors le problème est réglé, non? Il c'est passé quelque chose entre nous mais on n'en parle pas, et il ne se repassera jamais rien.»

Après avoir finit son discoure Louhanne était encore un peu sceptique, tout ce qu'elle avait dit été vrai mais tout se mélangeait encore dans sa tête. Elle avait passé la nuit avec une fille, ce n'est pas rien. Et cela perturbait la jeune femme qui se demandait si elle était finalement attiré par les deux sexes. Non, c'était impossible. Les femmes ne l'avaient jamais intéressé et ça n'allait pas commencer maintenant. Il n'y avait eu que le docteur Mendoza qui l'avait attiré mais c'était du passé. Non?

«On est d'accord?»

Finit Louhanne en regardant la résidente dans les yeux. Elles se trouvaient dans un petit coin, à l'abri des regards et elles n'allaient pas rester là trois heures sinon ça redeviendrai ambiguë entre elles.

Toujours plantée devant son interne, Erika l’écouta commencer son discours quand elle se stoppa net pour changer complètement de sujet, lui demandant le rapport avec Phoenix. Elle croyait vraiment que l’hispanique allait lui fournir des explications ? Honnêtement ? Plus par défi que réelle prétention, Erika redressa un peu plus la tête face à la blonde et commença à la regarder un peu de haut. Elle n’avait aucune explication à fournir ! Non seulement c’était sa vie privée mais en plus elle était sa supérieure. Pourtant, une partie de la résidente se maudit intérieurement d’avoir lâché cette bride d’information sur son passé dans son discours. Mais elle avait dit tout ça tellement vite qu’elle n’avait pas vraiment eu le temps de réfléchir à ce qu’elle était en train de dire.

- Ne me dit pas que tu as également couché avec ta titulaire...euh...Kendall?! J'en reviens pas, tu les collectionne ou quoi ?

Plus que le fait que l’interne venait de crier, ce fut les paroles de celle-ci qui remirent Erika mal à l’aise. D’ailleurs cela se vit rapidement à son comportement, la brune détourna aussitôt le regard et fixa le sol un peu plus loin sur sa gauche toujours en gardant ses bras croisés sur sa poitrine. Oui elle les collectionnait, oui elle avait couché avec sa titulaire et oui, elle avait brisé un couple et des fiançailles pour finalement s’enfuir sans un mot à la première réelle difficulté après six mois de relation. Mais cela ne regardait en rien son interne ni qui que ce soit dans cet hôpital. C’était son histoire, son passé, ses emmerdes.

Les excuses du docteur Hennings la tira de ses pensées et elle trouva de nouveau le courage de regarder la blonde en espérant tout de même que ses yeux ne trahiraient pas son malaise. Elle fut légèrement surprise que la blonde lui parle de quitter Seattle, même si elle était en train d’expliquer qu’elle ne le ferait pas. Elle croyait vraiment qu’Erika avait quitté sa ville natale seulement pour une aventure d’une nuit ? Et en plus jamais elle ne lui aurait demandé de faire un truc pareil. Voyant la blonde commencer à s’éloigner pour aller dans un recoin un peu plus tranquille, la résidente la suivit avant de s’adosser au mur pas très loin de son interne qui recommença son discours après une légère réflexion.

Lorsqu’elle prit en argument le fait qu’Erika était sa supérieure pour justifier qu’il ne pouvait plus rien avoir entre elle, l’hispanique ne put empêcher l’apparition d’un léger sourire en coin et d’un petit rire étouffé. Elle croyait vraiment que ça pouvait arrêter les gens ? Elle était bien naïve pour une interne mais la brune ne lui en voulait pas du tout, plus amusée par l’argument de la blonde qu’autre chose. Relevant de nouveau le regard vers la blonde, elle haussa légèrement un sourcil, croyant deviner que l’interne essayait de se convaincre elle-même en ce moment et devinant parfaitement le scepticisme de celle-ci à son expression. Ah non hein ! Pas encore une !

- On est d'accord?

Demanda-t-elle en regardant enfin la résidente dans les yeux. Celle-ci décolla d’ailleurs son dos du mur, ne voulant pas s’éterniser ici avec la blonde, cela pourrait faire suspect ou bien recommencé à les mettre mal à l’aise.

- Parfaitement d’accord, commença-t-elle en se dirigeant vers le milieu du couloir. Au bout de deux pas, elle fit pourtant volte-face pour faire de nouveau face à la blonde. Mais que les choses soient bien claires. Tu ne parles plus de mon ancienne titulaire, tu ne poses aucune question sur elle, tu ne cherches pas à savoir ce qu’il s’est passé entre elle et moi pour que je décide de partir et tu n’essayes même pas d’imaginer quoi que ce soit ! C’est mes histoires et ma vie privée, on est bien clair ?

Lâcha-t-elle sur un ton plus agressif qu’elle n’avait imaginé au départ. En fait, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle réagissait comme ça mais une chose était sûre, elle ne voulait pas qu’on soit au courant de son histoire avec Kendall. Ou alors seulement si c’était elle qui le décidait et encore. Retrouvant rapidement son calme, elle soupira une nouvelle fois en baissant la tête avant de la redresser et de regarder son interne.

- Bon… Cas suivant ?

Pendant tout son discoure la jeune femme l'écouta et ne parla pas. Louhanne vu différentes expressions sur son visage. Tout d'abord de la surprise, de l'embarras, elle baissa même les yeux devant la jeune interne. Elle reconnaissait en quelque sorte avoir fait des choses interdites avec sa supérieure et n'en était pas très fière. Puis la brune commença à sourire pendant que Louhanne lui disait qu'une relation entre interne et résidente n'était pas possible. Pourquoi elle avait fait ça? Louhanne n'en avait aucune idée, peut-être avait-elle une idée derrière la tête. Elle laissa tomber, en ce disant qu'elle se faisait trop de films dans sa tête et continua comme si de rien n'était.

Le docteur Mendoza acquiesça pour répondre à la question de Louhanne et commença à marché dans le couloir. C'était finit, enfin. Elles avaient mis les choses à plats et elles ne seraient plus embarrassés, en tout cas pas à propos de ça. Louhanne était soulagé. Elle n'aurait pas pu passer une garde entière comme ça. La jeune femme suivit alors la brune en se demanda qu'elle était le prochain cas mais n'eut pas le temps de réfléchir plus. La résidente se retourna d'un coup et commença à l'agresser, une nouvelle fois. Louhanne manqua de lui rentrer dedans et recula d'un pas. Et voilà, elle se faisait de nouveau engueuler pour un truc qu'elle n'avait pas fait.

Ce n'était pas de sa faute quand même, si elle avait parler de Kendall et de toute cette histoire, c'était elle qui lui en avait parlé et si elle ne voulait pas qu'on le sache et bien elle aurait du se taire. Elle n'allait tout de même pas s'excuser pour ça et ce n'était pas son problème si toute cette histoire mettait sa résidente en colère.

«Oui c'est clair. Pas besoin de crier! Et si tu voulait que tout ça reste secret il fallait pas en parler. Je n'aurai rien dit si je n'avais pas su. Alors, s'il-te-plait, ne m'engueule pas.»

Elle avait bien insisté sur la dernière phrase et le s'il-te-plait qu'elle n'utilisait absolument pas comme une formule de politesse à cette instant. Louhanne se mordit la lèvre inférieur puis le sourit, elles n'allait pas encore s'engueuler, elle en avait marre. Mais le docteur Mendoza lui répondit calmement en lui proposant de s'attaquer au cas suivant.

Louhanne accepta avec grand plaisir et elles se remirent en marches. Après quelques pas, la jeune brune lui passa le dossier pour qu'elle le lui lise:

«Mme Blume, 46 ans, un....»

Louhanne s'arrêta net en entendant son bippeur et celui du docteur Mendoza sonner. Un cas intéressant était arrivé aux urgences et on les appelait car il y avait sans doute besoin d'une opération au bloc opération. Les deux jeunes femmes commencèrent à courir pendant que Louhanne se dit que Mme Blume attendra. Elle arrivèrent très vite aux urgences et un jeune homme les informa de la santé du patient:

«M. Stwey, 30 ans, trois clous dans le bras droit et un dans l'épaule droite. Sa femme lui a tiré dessus avec le pistolet à clous quand elle a appris qu'il avait couché avec d'autres femmes pendant leur mariage...par ici.»

Le docteur Mendoza entra dans la pièce et regarda quelques secondes le patient. Ce n'était pas très beau à voir. Louhanne entra à son tour et se faufila un chemin jusqu'au patient. Elle attendit les ordres de sa résidente en ce demandant comment c'était possible qu'un être humain fasse ça seulement à cause d'un ou deux écarts de conduite. Certes il ne méritait pas le prix du meilleur mari, mais quand même, il ne méritait pas de ce prendre plusieurs clous de trois voir quatre centimètres dans le bras et l'épaule.

La réponse de la blonde à ses menaces plus agressives que ne le voulait Erika lui donna la furieuse envie de foncer de nouveau tête baissée. Bon sang, heureusement qu’il n’y aurait rien de plus entre elles que cet aventure d’un soir sinon l’une d’entre elles aurait fini par tuer l’autre vu leur caractère, tant mieux qu’elle soit hétéro au final. Pourtant l’hispanique se retint, ne voulant pas repartir dans un conflit avec son interne alors qu’elles venaient de mettre les choses au point.

Optant donc pour s’écraser, pour une fois, la résidente passa le dossier suivant au docteur Hennings qui commença à le lire quand leurs bippeurs sonnèrent. Un rapide coup d’œil à cette machine infernale, un rapide regard vers l’autre et les voilà qui commencèrent à courir dans le couloir pour rejoindre les urgences. Une fois à la mine, un tout jeune interne commença à leur présenter le cas en les amenant dans la pièce où il avait installé l’homme.

- Mr Stwey ? Docteur Mendoza et voice mon interne, le docteur Hennings.

Se présenta-t-elle rapidement, comme à chaque fois avant d’attraper le dossier du patient et commencer à le lire.

- Ok, où sont les radios et l’IRM ?
-Euh… Je ne les ai pas encore faites.

A ces mots, l’hispanique referma d’un seul coup le dossier et regarda en l’air en se mordant la lèvre inférieur pour ne pas étrangler l’autre interne dans la pièce. Elle finit pourtant par se tourner vers lui et lui demanda d’un ton parfaitement calme et maîtriser :

- Tu es là depuis combien de temps ?
- Euh, une semaine docteur Mendoza pourquoi ?
- Une semaine ? S’il n’y aucune radio ou IRM qui montre que ces clous touchent un os, une articulation ou un tendon, ce n’est pas un orthopédiste que tu dois appeler mais un traumatologue. Je sais que les deux se ressemblent pas mal mais là, je peux pas vraiment agir car ce n’est pas ma spé. Bippe le docteur Kepner, dis-lui que c’est moi qui t’ai envoyé et si jamais les radios montrent que t’a besoin de moi, tu me rebippe ok ?

Expliqua-t-elle toujours calmement à l’interne qui l’écouta en hochant la tête à chacune de ses phrases. C’est vrai qu’au début on peut s’embrouiller les pinceaux entre plusieurs spécialités. Elle tendit de nouveau le dossier au jeune homme avant de s’excuser auprès du patient et de sortir en expliquant tout de même à l’autre interne comment gagner un ou deux points avec Kepner pour aller au bloc. A peine sortie de la pièce, la blonde juste derrière elle, elles virent passer juste devant elles un brancard avec un homme dont l’avant-bras était plié à 90°…. Dans le mauvais sens de l’articulation.

- Aaaah, ça c’est ma spé !

Lança Erika presque enthousiaste à l’idée d’être sur ce cas. S’avançant rapidement pour suivre les ambulanciers, elles entrèrent dans la pièce tout naturellement quand une autre interne lui indiqua qu’elle allait la bipper.

- Mr Ryan, 27 ans, mauvais atterrissage en parapente. Luxation de l’épaule droite, bras gauche tordu, poignets sans doute tordu, pas encore vérifier et se plaint d’une douleur à la jambe droite…. Je peux vous assister sur ce cas docteur Mendoza ?
- Hummm, je pourrais vous faire faire vous battre au milieu des urgences le docteur Hennings et vous et prendre la gagnante avec moi mais il paraît que c’est pas très professionnel. Désolée docteur Kyle, une prochaine fois sans doute.

Déclara l’hispanique à l’interne alors que le docteur Hennings ne semblait pas savoir comment répondre à la demande de sa collègue. Ce qui surprit Erika, il faut bien l’avouer, elle ne semblait être quelqu’un qui se laissait marcher sur les pieds alors pourquoi n’avait-elle pas répondu directement à l’autre jeune femme ? Est-ce qu’elle réservait ses cordes vocales pour ses supérieures ? En tout cas, la deuxième interne comprit que ce cas ne serait pas pour elle et reparti au cœur de la mine. Un léger sourire aux lèvres, la résidente se tourna enfin vers la blonde quand l’autre jeune femme fut hors de portée de sa voix et lui lança d’un air presque amusé :

- Je crois que tu viens de voler ton premier cas orthopédique.

Sans vraiment savoir pourquoi, elle conclua sa phrase d’un clin d’œil complice avant de reporter son attention à l’infirmier qui lui tendit le dossier du patient encore assez pauvre pour le moment. Prenant connaissance de ce que l’on avait donné à l’homme qui planait encore à 3000 de haut, elle acquiesça une dernière fois à l’infirmier avant de déclarer qu’elles le montaient pour une radio complète du corps. On ne sait jamais, mieux vaut s’inquiéter pour un rien que louper quelque chose. La phrase de son ancienne titulaire en tête, l’hispanique revint rapidement sur Terre pour aider son interne à pousser le lit du patient jusqu’aux ascenseurs.

Une fois là-haut et les radios faites, Erika se dirigea dans la salle à côté pour examiner celle-ci, suivie par son interne qui semblait ne pas vouloir perdre une miette de ce qu’il se passait. Génial, elles étaient de nouveau seules, espérons que cette fois, elles ne seront pas mal à l’aise.

- La luxation est nette, ce sera simple de remettre l’épaule en place, on peut même le faire en sortant là. Par contre le coude… Regarde-moi ça un peu, il a réussi à se tordre des cartilages ! On en a au moins pour trois heures d’opérations… Et pas étonnant qu’il se plaigne de sa jambe vu la fracture.

A vrai dire Erika était plus concentrée sur les radios plutôt impressionnantes de leur patient que par son nouveau tête à tête avec son interne. Attrapant l’élastique qui lui tenait les cheveux, elle les laissa tombé avant de les secouer un peu et de se refaire un chignon assez rapide cette fois.

- Je crois que j’vais demander une copie de la radio du coude en souvenir. Pas toi ?

Lança-t-elle en plaisantant.

Louhanne regarda le nouvelle interne de plus près. On voyait bien qu'il venait d'arriver et qu'il n'y connaissait pas grand chose. Louhanne savait très bien ce que c'était, elle avait commencé il n'y a pas longtemps en tant qu'interne et était donc passé par là, mais elle avait fait mieux. Beaucoup mieux que lui. Et n'avait jamais eu ce problème avec un résident ou un titulaire. Elle fit un sourire au jeune homme qui voulait dire *désolé pour toi mais fait gaffe la prochaine fois*. Il fallait bien qu'il apprenne et même s'il était au même point que la jeune femme, elle se situé un niveau au-dessus de lui.

Après que le docteur Mendoza soit sortit de la salle, elle avança dans la mine et vit quelque chose de très intéressant. Un homme, qui était vraiment mal en point, avait le l'avant-bras plié à 90°. La résidente sauta sur l'occasion et suivit le patient. Louhanne suivit sa résidente de près et entra au même moment. Elle n'avait encore jamais vu un cas pareil et était bien contente. Le bloc était à elle. Enfin au docteur Mendoza mais elle pourrait surement l'assister et c'est ce que voulait Louhanne. Mais dès que l'interne eu finit son discoure sur l'état de patient, elle demanda à assisté la résidente. Louhanne ouvrit la bouche et haussa les sourcils. Non mais pour qui elle se prenait celle-là? Elle était là avant et elle était l'interne du jour du docteur Mendoza, c'était elle qui l'assisterai et non quelqu'un d'autre et surtout pas cette gourde d'interne en face d'elle.

Louhanne allait répliquer et se battre pour garder se patient, elle ne voulait pas être éjecté, quand elle repensa à tout ce qui c'était passé dans la journée. C'était sans doute la seule opportunité qui s'offrait à elle pour s'échapper et ne plus voir la jeune femme. Louhanne hésita alors avant de répondre et au moment où elle voulut rétorquer qu'elle était là et que c'était elle qui assisterai le docteur Mendoza, la belle brune lui laissa le cas. Louhanne, soulagé, soupira et sourit. L'autre interne repartit, triste, et Louhanne s'approcha du docteur Mendoza et lui glissa:

«Merci de m'avoir laissé vous assister.»

Louhanne ne savait pas pourquoi cette dernière l'avait gardé. Elle aurait peut-être mieux fait de prendre l'autre interne et de s'offrir une échappatoire. Louhanne se demanda alors pourquoi elle avait fait ça. C'était sans doute pour ses compétences, oui, elle avait réussit brillamment au bloc plus tôt dans la journée. Ça ne pouvait être pour autre chose. Puis le docteur Mendoza la sortit de ses pensées en lui disant qu'elle venait de voler son premier cas. Et c'était vrai. Elle lui fit également un léger clin d'œil d'un air complice. Louhanne ne se posa même pas de question sur sa signification, elle était juste contente d'avoir ce cas et de pouvoir travailler avec la résidente. Et même si l'orthopédie n'était pas sa passion, c'était une spécialité intéressante.

«Oui, je vois ça. Je suis bien contente d'être sur ce cas!»

Louhanne sourit de plus belle et suivit sa résidente. Une fois les radios terminé, les deux jeunes femmes se retrouvèrent une nouvelle fois seules, sans trop savoir quoi dire. Mais à cette instant il n'y avait plus de gêne, le docteur Mendoza était concentré sur les radios et Louhanne essayait de ne pas perdre un mot de ce qu'elle lui disait. L'épaule serait facile à remettre mais pas le coude. Cela voulait dire longue opération, difficile et compliqué. Tant mieux, la jeune interne était partante. Et bien que cela impose des rapprochements entre les deux femmes, Louhanne s'en fichait. Son esprit de chirurgienne avait refait surface et rien en pourrait la déconcentré.

«On va faire comment pour le coude? Vu ce qu'il c'est fait, on en aura peut-être pour plus de trois heures. Je n'ai encore jamais vu ça...»

Puis la résidente plaisanta avec Louhanne sur le fait qu'elle allait demander les radios en souvenirs. Louhanne rit.

«Je pense aussi! Franchement je ne ferais jamais de parapente! Si c'est pour ressembler à ça après...»

Louhanne regarda de plus près, il était mal en point et il valait mieux que le docteur Mendoza ne se loupe pas sinon son bras était fichu. Après avoir vu les radios, Louhanne réserva un bloc comme lui demanda sa résidente et emmena le patient là-bas. Les deux jeunes chirurgiennes se préparent une nouvelle fois dans le calme complet mais cette fois-ci Louhanne ne décida pas de briser le silence car pour la première fois depuis le début, il n'était pas gênant. En tout cas, Louhanne n'était pas embarrassé mais plutôt excité.

Elle entrèrent dans dans le bloc opératoire et après avoir donné quelques instructions, le docteur Mendoza commença. C'était fascinant comment elle opérait le patient et Louhanne était devenu admirative. Bien sur rien ne serait mieux que la cardiologie mais c'était tout de même intéressant.

Le docteur Mendoza lui demanda alors de se rapprocher pour observer la manœuvre qu'elle faisait et en se rapprochant, Louhanne se retrouva très près de cette dernière mais elle ne parut pas gêné. Où alors elle le cachait bien. Louhanne ne remarqua presque pas la proximité, bien trop concentré sur ce que lui disait la résidente. Elle la regarda seulement deux secondes dans les yeux en essayant de savoir ce que pensait cette dernière puis se reconcentra sur le patient. Après deux heures trente d'opération, les deux femmes commençaient à voir la fin de la réparation du coude et Louhanne fut soulagé. Le docteur Mendoza commença même à se détendre et à lui parler tout simplement. En fin d'opération elle commencèrent à discuter de tout et n'importe quoi. Tout d'abord de médecine puis d'autre chose. On aurait dit qu'elle se connaissait depuis quelques temps et qu'elles étaient amis alors qu'il n'y a même pas quelques heures, elles étaient embarrassés dès qu'elles se regardaient dans les yeux.

- Je pense aussi! Franchement je ne ferais jamais de parapente! Si c'est pour ressembler à ça après...
- Oh si, ça me tenterait bien quand même. Il suffit de savoir comment faire ou d’écouter et de suivre les instructions qu’on te donne. Un accident peut arriver n’importe quand après, qu’on fasse des trucs extrêmes ou non. Bon allez, je vais demander à l’infirmier de nous tirer deux radios de plus alors. Tu réserve un bloc pendant ce temps ?

Dit l’hispanique sur le ton de la conversation, contente qu’il n’ait plus de gêne entre la blonde et elle. Finalement, elles arriveraient sans doute à bosser ensemble jusqu’à la fin de leur garde sans péter un plomb entre temps. Sortant de la pièce pour aller demander les "radios-souvenirs", Erika avait toujours la tête à celle de coude. Comment est-ce qu’elle allait s’y prendre pour rendre 100% de ses capacités à cet homme avec l’état actuel de son coude ? Pratiquement aucun cartilage n’était en bon état, cela allait sans doute se révéler plus délicat qu’elle ne le pensait. Elle arriva tout de même au bureau des infirmières et demanda à celui qui les avait aidés pour les radios d’en faire deux de plus. Le jeune homme lui adressa un grand sourire, comprenant sans doute que les deux médecins comptaient le garder en souvenir, mais il s’exécuta tout de même.

Une vingtaine de minutes plus tard, Erika rejoignit le docteur Hennings dans le vestibule pour se préparer avant d’aller au bloc. Le silence régnait de nouveau entre elles mais cette fois, il n’était pas lourd et gêné. En fait, la résidente était encore plongée dans ses pensées. Elle avait une idée pour rétablir l’articulation en elle-même et rendre 90% des capacités à son patient mais les dix pourcent manquant relevaient du cartilage de cette même articulation. Et là, elle n’était pas encore certaine de ce qu’elle allait pouvoir faire…

- Je dois t’avouer quelque chose, commença alors l’hispanique toujours en fixant l’intérieur du bloc. Elle finit pourtant pour tourner la tête vers son interne et repris avec un sourire amusé. J’ai jamais eu de cas comme ça et là, j’ai des idées pour le cartilage mais j’suis incapable d’en choisir une.

L’amusement était une sorte de gestion du stress chez Erika. Elle préférait rigoler de la situation que de commencer à angoisser, paniquer et ne plus savoir quoi faire une fois les instruments en main. Et en plus, elle se moquait d’elle-même : quel chirurgien un tantinet sensé irait au bloc avec seulement une vague idée de comment faire ? En même temps, c’était ça qui était faisait monter l’adrénaline non ? Se retrouver devant le cas et devoir dépasser ses limites pour réussir à soigner le patient.

Malgré cet aveu, l’hispanique entra sans hésitation dans le bloc. Elle était déjà sûre de rentre 90% de ses capacités au patient, ce n’était pas rien, alors pourquoi avoir peur ? Soufflant un grand coup, Erika donna quelques instructions à l’anesthésiste ainsi qu’aux infirmiers de blocs et commença sans tarder l’opération. Sûre d’elle, la résidente commença par retirer tous les cartilages qui ne pouvaient être sauvé, ce qui voulait dire environ 80%, et redressa le bras dans sa position naturelle tout en veillant à n’endommager aucuns tissus, nerfs ou vaisseaux de l’articulation. Bon sang, c’est vrai que le coude était une articulation des plus complexes vu la concentration de ceci. Malgré sa concentration et le fait qu’elle ne savait toujours pas comment elle allait faire pour remplacer tout ce qu’elle venait de retirer, Erika était parfaitement détendue. La preuve, après que le bras fut remis en place, elle attrapa avec sa pince un cartilage plié presque à 90° sur une ailette et le montra à son interne, face à elle en lui disant :

- Un petit souvenir docteur Hennings ?

Bien sûr, elles ne pouvaient pas faire sortir quoi que ce soit du bloc, étant considéré comme un déchet biologique, mais bon parfois, ce n’était pas l’envie qui manquait. Se reconcentrant sur l’opération, elle proposa à son interne de venir à côté d’elle pour mieux voir comment elle allait mettre les broches. La blonde s’exécuta sans soucis et vint même plus près que ne le pensait la résidente. Risquant un coup d’œil à la fois surpris et amusé à la jeune femme, Erika se rendit compte que oui, il n’y avait plus de gêne entre elles. A moins que cela ne soit temporaire à cause de l’adrénaline qui était montée, mais ça, elle ne le saurait qu’une fois hors du bloc. La brunette reprit le cours de l’opération en expliquant à chaque fois ce qu’elle faisait et pourquoi, comme lui avait enseigné ses deux titulaires.

Deux heures et demi maintenant qu’elles étaient au bloc et la prothèse de l’articulation était pratiquement mise en place. Erika se détendait un plus peu encore même si elle ne savait toujours pas comment elle allait finir cette opération, bien que ces idées se soient précisées durant ces deux dernières heures. Elle commença d’ailleurs à exposer les différentes techniques qu’elle envisageait et leurs inconvénients à l’interne qui n’hésita pas à participer. Et c’est en partie grâce à cette conversation médicale que le docteur Mendoza se décida enfin.

- Bon. On va faire une mosaique plastie sur deux centimètres pour commencer et pour le reste, une réparation à base de cellule pour le moment. Quand le fibrocartilage sera parfaitement formé, on réopérera et on achèvera la mosaique plastie sur cette partie pour ne pas fragiliser l’articulation.

Finit-elle par expliquer à son interne. Certes cela impliquer une ré opération de son patient d’ici une semaine mais de toute façon, il était bon pour bien deux semaines d’hospitalisation. Elle s’apprêtait à resserrer le ressort servant à l’articulation de la prothèse quand elle se décida à ne plus parler médecine pour le moment.

- Toujours pas partante pour du parapente après ça alors ?

Lança-t-elle avec un sourire amusé bien que caché par son masque à l’interne. A les écouter parler, on aurait pu penser qu’elles se connaissaient depuis des années. Pourtant, il y avait encore 24h, elles ne savaient pas qu’elles étaient collègues et ne pouvaient pas se parler l’une à l’autre sans se sentir gênée encore quelques heures avant.

Le docteur répondit immédiatement à son interne sur comment elle allait faire pour réparer le coude. Et elle n'en avait pas la moindre idée. Enfin, elle en avait plusieurs mais ne savait pas laquelle prendre. Louhanne haussa un sourcil, elle n'allait tout de même pas entrer au bloc sans savoir quoi faire. Elle devait forcement avoir une opération en tête. Puis la jeune blonde aperçut le sourire de cette dernière, elle plaisantait même si elle n'avait pas la moindre de ce qu'elle allait faire. Louhanne lui sourit à son tour et compris très vite que cette dernière avait une idée précise derrière la tête mais qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de chercher quelque chose de mieux, quelque chose qui lui redonnerai l'usage de son bras a 100%.

«Prend celle qui te semble la meilleur pour le patient. Et même si elle ne lui rend pas tout l'usage de son bras tu aura fait le maximum...C'est ce que nous faisons, nous autres les chirurgiens, nous faisons le maximum pour nos patient en espérant que ça suffise.»

Louhanne n'avait même pas réfléchit à ce qu'elle venait de dire, c'était sortit tout seul. Comme si elle avait répété cette phrase des centaines de fois dans sa tête. Elle venait de dire cette phrase comme si c'était quelque chose de très philosophique. Elle se surpris elle même. Louhanne releva la tête et fit un sourire sincère à la jeune femme en face d'elle. Et malgré l'hésitation que le docteur Mendoza avait pu montrer quand cette dernière entra au bloc et commença l'opération, on n'aurait pu penser qu'elle ne savait pas se qu'elle allait faire. Elle savait où allait, quoi faire et se débrouillait très bien. Elle osa même une plaisanterie en direction de son interne:

-Un petit souvenir docteur Hennings?
«Oh...! Ça aurait été avec grand plaisir.»

Répliqua la jeune femme avec humour. Elle savait très bien qu'on ne pouvais rien prendre qui venait du bloc. Après avoir continuer à parler quelque peu de tout et de rien, la résidente revint à la médecine et expliqua comment elle allait finalement procéder. Louhanne connaissait la technique de la mosaïque plastie et elle savait très bien qu'on ne pouvait prélever plus de trois centimètre sans endommager les tissus. C'est pourquoi le docteur Mendoza ne voulait en prendre que deux centimètre et continuer avec une réparation à base de cellule. C'était sans doute la meilleur solution que le docteur Mendoza ai trouvé et Louhanne approuva de suite. Bien qu'il faille réopérer mais elles étaient obligés.

«Tu crois qu'on pourra réopérer d'ici une semaine, il ne faudrait pas qu'il reste trop longtemps sans qu'on achève la mosaïque plastie.»

Louhanne n'était pas du genre à s'en faire pour qui que se soit, à part elle bien sur, mais dès qu'il s'agissait de patient elle s'inquiéter automatiquement. Elle n'avait pas choisit ce métier pour rien. Elle voulait aider, elle voulait réparer des cœurs, elle voulait sauver des vies. De toute façon, elle n'aurait pu rester chez elle, comme une princesse et ne rien faire. Certes elle se prenait toujours pour une princesse mais qui aidait les autres du mieux qu'elle pouvais. Louhanne sortit de ses pensées en entendant sa résidente lui demander si elle en voulait toujours pas faire de parapente.

«Eh bien non...trop dangereux pour moi! Si j'abime mes mains ou mon bras, comme lui, ma vie et fichue, ma carrière aussi. Alors je ne préfère pas. Mais on peut s'éclater autrement, n'est-ce pas docteur Mendoza?»

Louhanne n'avait pas encore dit le dernier mot qu'elle regrettait déjà. Mais qu'est ce qui lui arrivait. Elle venait tout simplement de reconnaitre qu'elle c'était amusé la veille, mon dieu qu'est ce qu'elle était bête. En posant de manière sa question, elle venait de passer un message à sa résidente. Louhanne ne savait plus où se mettre et elle espérait qu'il n'y avait qu'elle qui compris ce qu'elle venait de dire. Louhanne se mordit la lèvre inférieur sous son masque en se disant qu'elle était vraiment idiote, elle venait peut-être réinstaller de la gêne entre les deux jeunes femmes alors que tout avait disparu, qu'elle se parlait enfin normalement. Louhanne voulait se taper dessus.

«Euh...tu as besoin d'aide avec le ressort?»

Louhanne revint immédiatement à la médecine en ce disant que sa résidente n'avait pas compris son allusion qui n'en était d'ailleurs pas une au départ. Après avoir aider sa résidente et terminer tout ce qu'elles pouvaient faire pour se patient à cet instant, les deux femmes sortirent du bloc opératoire et se retrouvèrent de nouveaux seuls. Ce n'était vraiment pas le moment pour redevenir gêné et Louhanne commença à parler de suite, pour qu'il n'y ai aucune gêne:

«C'était cool! On voit pas ça tout les jours, je dois avouer qu'il y a finalement quelques trucs intéressant en orthopédie.»

Elle lui fit un sourire complice et détacha ses cheveux. Elle passa un main dedans et les laissa détaché, retombant dans son dos. Louhanne récupéra les dossiers ainsi que la radio que sa résidente lui avait donné avant l'opération. Ça lui ferait un souvenir au moins.

«On est repartit? Cas suivant?»

- Prend celle qui te semble la meilleur pour le patient. Et même si elle ne lui rend pas tout l'usage de son bras tu auras fait le maximum...C'est ce que nous faisons, nous autres les chirurgiens, nous faisons le maximum pour nos patient en espérant que ça suffise.

Erika était déjà en train de se faire aider par une infirmière de bloc quand son interne lui sorti ça avec un sourire sincère. L’hispanique perdit d’ailleurs son sourire lorsqu’elle entendit se discours et une légère expression d’incompréhension se dessina sur son visage alors qu’elle penchait un peu la tête. Bon sang mais d’où est-ce qu’elle sortait ça ? Sur le moment, Erika avait eu l’impression d’être face à Kendall avant de réaliser que c’était en réalité Louhanne qui avait parlé. Comment est-ce que…

Ce n’était pas le moment de penser à ça et la brunette se fit rapidement violence pour retrouver ses esprits et entamer l’opération. La blonde lui répondit même avec humour concernant sa demande sur un éventuel souvenir ramener du bloc. Elle ne tarda pourtant pas à lui demander si elles devraient réopérer d’ici une semaine. Erika laissa échapper un bref petit rire, les mains toujours occupés à fixer convenablement les tiges métalliques que de la prothèse.

- Oui, il faudra sans aucun doute le réopérer d’ici la semaine prochaine. Mais qui te dis que tu seras encore dans mon service à ce moment-là ?

Demanda-t-elle légèrement amusée. D’après ce qu’elle avait compris, l’orthopédie n’était pas vraiment le dada de son interne et pourtant elle était en train de réclamer une nouvelle opération avec une résidente en ortho. Remarquez, Erika s’intéressait plus à mater sa titulaire à la base quand elle avait choisi cette spécialité… Oula, est-ce que l’histoire était en train de se répéter ? Voulant se changer les idées mais également de sujet, l’hispanique dévia la conversation sur le parapente tout en attrapant l’instrument lui permettant de resserrer correctement le ressort.

- Eh bien non...trop dangereux pour moi! Si j'abime mes mains ou mon bras, comme lui, ma vie et fichue, ma carrière aussi. Alors je ne préfère pas. Mais on peut s'éclater autrement, n'est-ce pas docteur Mendoza?

Le bruit caractéristique de l’appareil se stoppa net à cette question. En effet, Erika venait de faire ce qu’on pourrait appeler un arrêt sur image après avoir relevé la tête vers la blonde avec un air complètement stupéfait. Elle venait bien d’entendre ce qu’elle avait cru entendre ? Mais… Qu’est-ce qui lui prenait d’un coup à lui sortir ça ? Et en plein milieu du bloc en plus ? Répond ma grande, répond. Ou ça va vraiment faire louche.

- Euh… Oui, pas mal en effet.

Finit-elle par lâcher plutôt mal à l’aise. Perturbée par ce que venait de sortir son interne, elle reporta enfin son attention au ressort qu’elle était en train de remonter quand la blonde lui proposa son aide.

- Euh… Ouais… Ouais, fini si tu veux. Ne le remonte pas à fond non plus.

Botter en touche le temps de reprendre ses esprits, c’était sans doute la seule chose à faire pour le moment. Et cela réussit plutôt bien à l’hispanique qui se remit de ses émotions après quelques secondes. Elle le devait de toute façon pour terminer cette opération. Après une nouvelle demi-heure de travail exclusivement sur le cartilage, elles en finirent enfin avec ce patient. Du moins, jusqu’à la semaine prochaine. Elles sortirent alors du bloc pour retourner se laver les mains et l’interne attaque de suite la conversation, de peur de laisser un silence gêné s’installer sans doute. Erika sourit à sa remarque sur les cas d’orthopédie et après un nouveau petit rire, elle se tourna vers son interne, le sourire toujours aux lèvres.

- Sachez docteur Hennings qu’il y a toujours des cas intéressants en orthopédie. Ok, certains sont assez barbants et communs mais ils ne représentent que 5% des cas qu’on traite, à peine. Et je t’interdis de critiquer ma spécialité ! Non mais.

Ajouta-t-elle sur un ton amusé et complice avant d’imiter son interne en se détachant les cheveux. Repoussant les mèches de devant en se passant la main dans les cheveux, elle écouta, presque amusée, son interne demander si elle passait au cas suivant.

- Pressée de finir la journée ? commença-t-elle, toujours sur un ton amusé. Oui, on reprend le dossier de Mme Blume. Déplacement du bassin c’est ça ?

Demanda-t-elle en commençant à sortir du bloc. Elle tint la porte à son interne qui commençait déjà à fouiller le dossier pour donner une confirmation à la résidente. Elle ne tarda pas à l’avoir d’ailleurs alors qu’elles commençaient à marcher dans le couloir.

- Ok… Bon, pas de bloc pour cette fois alors, une simple manipulation devrait suffire vu que le déplacement n’est pas trop important. Là je te l’accorde, c’est un cas barbant. Mais bon, j’aime bien faire crier les patients quand même.

Lança Erika avant de rire. C’est vrai qu’en général ce genre de manipulation arrachait un cri au patient, mais au moins, ça voulait dire que c’était efficace. Arrivées devant la porte de la chambre, Erika se passa de nouveau une main dans les cheveux, rabattant encore une fois ses cheveux en arrière, faisant ainsi l’effet d’une cascade de cheveux ondulés.

- Un jour, j’aurais les cheveux lisses.

Lâcha-t-elle à son interne avant de pousser la porte. Rapidement, elle se présenta à leur nouvelle patiente et à son mari et leur expliqua qu’une simple manipulation suffirait. Le couple quarantenaire sembla d’ailleurs soulagé par cette nouvelle. Sans doute à cause des charges financières qu’auraient provoquées une montée au bloc. Erika fit alors lever la femme, se plaça derrière elle er commença rapidement à se placer pour la manipulation.

- Attention, ça risque de faire mal.

Prévint-elle rapidement avant de faire craquer le bassin de la femme qui, sans surprise, poussa un bref cri de douleur. L’hispanique l’ausculta une fois la douleur calmée pour s’assurer que le bassin était parfaitement remis et après avoir conseillé à leur patiente de se remettre un peu au sport pour rééduquer son bassin, elle signa son autorisation de sortie. Et hop, encore un cas de traiter pensa-t-elle quand elle commença à se diriger vers la porte. Une fois dans le couloir, elle se tourna vers la blonde et lui lança avec un sourire en coin :

- Et maintenant…. Une pause s’impose ! Je meurs de faim, j’ai pas mangé ce matin.

- Oui, il faudra sans aucun doute le réopérer d’ici la semaine prochaine. Mais qui te dis que tu seras encore dans mon service à ce moment-là ?

Louhanne n’avait pas pensé à cet éventuel problème. Elle ne serait sans doute pas dans le service d’ortho quand on le réopérerait et si elle l’était, elle ne serait pas forcément avec le docteur Mendoza. La jeune interne ne savait pas trop quoi penser. Ces sentiments étaient contradictoires, en fait elle voulait réopérer ce patient, avec le docteur Mendoza, mais ça aurait été vraiment bizarre qu’elle se retrouve dans le même service. Louhanne imaginait que sa résidente du jour ne voudrait plus l’avoir dans son service après cette journée et surtout cette nuit, et qu’elle ferait tout pour ne pas la récupérer. Et Louhanne ne la reverrai plus. Elle préféra ne pas répondre à sa question et se concentrer sur le patient. Aucune distraction ne devait venir la perturber.
Le docteur Mendoza arrêta son instrument quand elle entendit la réponse de la jeune femme. C’est bon, ce dit Louhanne, elle a compris ce que j’ai dit. Enfin, pas ce qu’elle voulait dire mais ce qui en est ressortit au final. Elle releva le visage, complétement stupéfaite devant l’interne aussi embarrassé. Et comme pour échapper à cette situation délicate, le docteur Mendoza lui donna des conseils ou peut-être des ordres pour l’opération du patient.

Après être sorti du bloc, d’avoir brisé le silence entre les deux jeunes femmes, Louhanne se rendit compte qu’elle était en colère contre elle. C’était d’ailleurs la première fois, elle s’en voulait d’avoir provoqué, sans le vouloir, ça. Mais elle n’allait pas rester embrassée comme ça. Elle se retourna devant cette dernière qui se détachait les cheveux également et lui répondit.

« Toujours ? Faut pas exagérer quand même mais je suis prête à te croire, il y a souvent des cas intéressant. Mais avoue que la cardio est bien mieux ! Désolé si je t’ai vexé mais je dis ce que je veux.»

Finit la jeune femme en lui faisant un clin d’œil complice et un petit sourire en coin. Louhanne sortit de la salle suivit de sa résidente. Elle proposa d’aller voir une autre patiente et le docteur Mendoza lui demanda si elle était pressée de finir la journée.

« Mais non ! ….et toi ? »

Après lui avoir répondit un peu violemment, sans se rendre compte qu’elle était passée en mode défensif, elle lui sourit et commença à regarder le dossier pour savoir où elles devaient aller.

« Oui c’est ça, Mme Blume, 46 ans, chambre 453. »

Elles commencèrent à avancer en direction de la chambre du patient pendant que le docteur Mendoza expliquait à son interne qu’il n’y aurait pas de bloc cette fois. Louhanne fut déçu car elle adorait opérer mais c’était normal. Sa résidente poursuivit son discours en finissant par dire qu’elle adorait faire crier les patients. Louhanne lâcha un petit rire, tout en se disant qu’elle n’était pas très sympa. De toute façon, Louhanne ne l’était pas non plus.

« Dommage qu’on ne puisse aller au bloc…Faire crier les patients ? Ce n’est pas gentil ça mais j’adore ! »

Louhanne la regarda d’un air complice, elles se comprenaient parfaitement. Puis la jeune femme se passa les mains dans ses supers cheveux. Louhanne lui lâcha un sourire quand elle lui dit qu’elle aurait les cheveux lisses un jour, elle l’a comprenait parfaitement. Mais jamais, elle, elle n’aurait pu penser à les lisser. Ce n’était tout simplement pas possible car ça les abimeraient et qu’ils étaient déjà magnifiques.

Le docteur Mendoza entra dans la chambre, suivit de Louhanne. Se présenta et s’attaqua à la hanche de la patiente. Comme l’avait prévu cette dernière, elle cria légèrement. Louhanne se mordit la lèvre pour ne pas rire ou faire grimace. Mme Blume fit un soupir de soulagement et la résidente lui expliqua ce qu’elle allait devoir faire maintenant. Une fois sorti, les deux femmes commencèrent à marcher. Louhanne pris un dossier pour savoir qui était le prochain patient quand la belle brune se retourna et lui dit qu’elle allait manger maintenant. Louhanne referma directement le dossier et sourit :

« A oui ! J’ai besoin de manger là. Avec tout ça, j’avais oublié que j’avais faim. Allons-y ! »

Louhanne et le docteur Mendoza se dirigèrent vers la cafétéria. Ce n’était pas toujours mangeable, mais de temps à autres, les repas étaient bons. Louhanne prit une assiette de salade qui avait l’air potable et deux desserts. Elle n’avait pas mangé depuis longtemps et vu que les plats n’avaient pas l’air délicieux, elle se rabattit sur les desserts. Louhanne hésita même à en prendre un troisième mais après elle passerait pour une grosse. Après avoir choisi, elles avancèrent vers une table libre dans un coin de la salle. Louhanne entama sa salade et dit à sa résidente

« La nourriture est toujours…bizarre ici. J’irai au resto d’à côté la prochaine fois. Au fait, t’aurai du manger ce matin, tu aurais moins faim maintenant.»

Louhanne lui sourit et continua de manger sa salade. Elle ne c’était même pas rendu compte de la bêtise qu’elle venait de dire. Manger le matin ? Mais comment la jeune femme aurait pu faire puisqu’elle ne c’était pas réveillé chez elle. Puisqu’elle c’était réveillé chez son interne justement. Louhanne pris une nouvelle boucher et continua de parler :

« Au fait, c’est vraie que c’est pas mal l’ortho, il y a quelques avantages même si la cardio reste 100 fois mieux. »

- Mais non ! ….et toi ?
- Moi oui ! Je rêve de mon jour de repos après cette garde.

Lâcha la résidente en remarquant tout de même le soudain ton défensif de l’interne. Aurait-elle quelques choses à cacher ? Décidant de ne pas y prêter plus attention que ça, Erika continua en direction de la chambre indiquée et sourit à la réflexion de la blonde concernant le fait de faire crier les patients. Elle se retint de lui demander pourquoi elle préférait la cardio dans ce cas-là mais elle n’avait pas envie de lancer une sorte de petite guéguerre inutile entre deux services de chirurgie.

La manipulation sur la patiente fut assez rapide et les deux jeunes femmes furent vite de nouveau dans le couloir. La blonde semblait sur le point de partir sur le prochain dossier quand Erika décréta qu’il était temps de faire une pause. Elle mourrait de faim à vrai dire, n’ayant rien avalé depuis la veille au soir. Une fois à la cafétéria, l’hispanique attrapa sans se poser de question une assiette de pâtes, un yaourt et deux desserts. Oui, Erika mangeait, oui, elle ne faisait pas semblant et non, elle ne faisait aucun régime. A quoi bon de toute façon ? Avec le sport qu’elle faisait, elle perdait vite les kilos qu’elle pouvait prendre en se faisant plaisir.

Elles s’installèrent à une table libre un peu à l’écart des autres dans un coin de la salle. Au moins, elles ne seraient pas déranger par les conversations des autres ou par les autres, tout court. A peine installées, la résidente attaqua directement son assiette alors que sa résidente était en train de commenter la nourriture avant de lui expliquer qu’elle aurait dû manger ce matin. Avec un bref petit rire, l’hispanique avala sa bouchée avant de lui répondre avec le sourire.

- Crois-moi, à Phoenix c’était pire. Et si tu as les moyens de te payer le resto tous les midis, tant mieux pour toi, mais c’est pas trop mon cas. Et concernant ce matin, commença-t-elle en relevant le regard vers son interne et en la pointant avec sa fourchette, je te rappelle que je me suis réveillée chez une parfaite inconnue, que je ne savais donc pas si je pouvais me servir ou non si j’avais su où trouver les choses et en plus, j’étais en retard.

Sans même chercher à savoir si elle venait de mettre mal à l’aise la blonde, elle reporta rapidement son attention à son assiette et prit une nouvelle bouchée au moment où le docteur Hennings compara de nouveau l’ortho et la cardio. Poussant un léger soupir, elle déglutit de nouveau avant de se redresser face à la jeune femme.

- Louhanne, il n’y pas de service mieux que l’autre. Ils ont tous leurs rôles à jouer, tous leurs spécificités, leurs exigences et leurs contraintes. Il y a juste des services où tu t’éclates plus que d’autres mais c’est tout, pas la peine de chercher à comparer toujours. La preuve ! Quand j’étais interne et que j’ai commencé, je pensais qu’il y avait rien de mieux que la pédiatrie ou la chirurgie générale et pourtant, j’ai fait une garde en ortho, j’ai eu une révélation et j’y suis restée.

Se stoppant enfin dans son discours, elle se rendit soudain compte de ce qu’elle venait de dire. Louhanne ? Elle venait de l’appeler Louhanne ? Mais…. Comment est-ce qu’elle se souvenait de son prénom ? Et aussi soudainement ? Une expression de surprise sur son visage, l’hispanique s’adossa brusquement au dossier de sa chaise toujours en regardant son interne.

- Comment j’me rappelle de ton prénom moi ?

Ne put-elle s’empêcher de lancer complètement surprise par elle-même. On en venait presque à se demander si elle demandait vraiment ça à son interne, face à elle ou bien si elle se posait la question à elle-même à haute voix.

Louhanne ne comprenait pas trop comment la cafétéria de Phœnix pouvait être pire qu'ici. Parfois il avait des menus tellement mauvais, que personne n'y mangeais. Louhanne faisait alors l'impasse sur le repas du midi ou aller déjeuner avec d'autres internes au restaurant d'à côté. Louhanne s'apprêtait à répliquer quand cette dernière continua son discours. Elle pointa d'ailleurs sa fourchette vers son interne, amusé. Louhanne fut tout d'abords surprise, elle n'avait absolument pas l'air embarrassé quand elle venait d'aborder le sujet. Les deux jeunes femmes ne seraient peut-être plus stressé maintenant. Louhanne fut soulagé, enfin elle pouvait se parler sans problème. Même si la jeune interne n'avait toujours pas compris pourquoi cette nuit elle était passé de l'autre côté. Pleins de questions se bousculaient dans sa tête mais elle ne préférait pas y penser.

«Je t'inviterai un jour, si tu veux. Quand la nourriture sera vraiment infecte, tu verra le bonheur que c'est le petit restau d'en face. Oui, c'est vrai, j'avais oublié que tu était chez moi ce matin...»

Louhanne n'était pas gênée par se qu'elle venait de dire. Certes elles s'étaient réveillé chez elle mais c'est la vérité. Alors autant la dire, au moins devant la jeune résidente. Louhanne prit de nouveau une bouchée et but un peu d'eau. Le docteur Mendoza poussa un léger soupir et commença un long discours. Louhanne savait qu'elle avait raison, toutes spécialités se valaient mais elle ne pouvait s'empêcher de tout comparer à la cardio. C'était la où elle s'éclatait le plus, comme avait dit sa résidente.

«J'admets que tu as raison, et tu as du le remarquer, je m'éclate en cardio! Mais bon, passons...Alors comme ça tu voulais pédiatrie et chirurgie générale. Pourquoi avoir changé? Et pourquoi pédiatrie? Tu vois c'est la spécialité que je pourrais jamais prendre...»

Louhanne allait continuer sa phrase quand elle se rendit compte que sa résidente ne l'écoutait plus. Elle s'adossa contre la chaise et réfléchit une seconde. Puis sortit:

-Comment j'me rappelle de ton prénom moi?

Louhanne la regarda de travers. Elle se remémora toute la scène en s'apercevant alors que la belle brune l'avait appelé par son prénom. Oui, elle avait dit Louhanne. Elle s'en souvenait. Ce qui fit un drôle d'effet à la jeune femme. En fait, aux deux jeunes femmes. Louhanne prit alors conscience qu'elle ne se souvenait toujours pas du prénom du docteur Mendoza. Elle savait juste qu'il commençait par un E. puisqu'elle l'avait vu sur le tableau des opérations. Ils mettent toujours le nom et la première lettre du prénom. Elle essayait, en vain, de se rappeler de ce dernier.

«Comment ça ce fait...? Je...je ne me rappelle même plus du tien...»

Louhanne ne lui avoua pas ça pour montrer qu'elle avait presque tout oublié ou pour faire style qu'elle voulait oublier la soirée en oubliant le prénom de cette dernière. Non, elle voulait simplement qu'elle le lui dise. Si sa résidente savait le sien, la moindre des choses c'est qu'elle sache le sien en retour. Louhanne but une gorgée d'eau et regretta de ne pas pouvoir aller chez Joe. Prendre un verre aurait été super. Puis elle se rappela comment tout avait commencé entre les deux jeunes femmes. A cause d'un verre. Louhanne oublia immédiatement l'idée d'aller boire et se concentra sur la jeune femme.

Elle ne savait pas trop quoi penser de cette dernière. Elle était fasciné par elle, vu qu'elle avait quand même réussit à la faire changer de bord mais elle lui faisait peu également. Qu'avait-elle fait pour que Louhanne soit d'accord pour coucher avec elle.

«Euh...Erika donc, désolé pour le prénom. Je n'ai que des souvenirs partiels de la soirée...enfin tu vois ce que je veux dire.»

Louhanne n'étais pas sur de vouloir engager la conversation la-dessus mais maintenant que c'était fait, autant poursuivre.

Lorsque l’interne lui proposa de l’inviter un midi au restaurant d’en face, Erika retint un rire même si un léger sourire amusé se dessina sur son visage, la trahissant légèrement. Elle se retenait aussi à grande peine de se redresser de nouveau face à l’interne et de lui demander si elle devait prendre ça pour une invitation suite à ce qu’il s’était passé cette nuit. Mais, même si ce n’était que de l’humour pour la latina, elle eut peur de mettre de nouveau mal à l’aise la blonde face à elle. Elle redevint pourtant vite sérieuse quand elle expliqua à Louhanne qu’on ne pouvait pas réellement comparer les différents services avant de se rendre compte qu’elle l’avait appelé par son prénom.

- Comment ça se fait...? Je...je ne me rappelle même plus du tien...

Les paroles de la blonde ramena Erika sur Terre qui la fixa encore quelques secondes, mais le regard déjà moins vague, avant de se redresser.

- Erika.

Lâcha-t-elle avant de recommencer à piquer des pâtes avec sa fourchette. Elle n’était pas vexée par ce que venait de lui avouer l’interne, après tout, elle n’avait vraiment pas de quoi l’être. Elle non plus ne s’était pas souvenue du sien avant ce discours et elle ne savait toujours pas comment elle s’en était rappelée si soudainement. Et puis, il fallait bien l’avouer, le prénom de la blonde n’était pas le seul qu’elle avait oublié après une soirée particulièrement arrosée. Celle-ci commença d’ailleurs à s’excuser pour son prénom et expliqua rapidement que c’était à cause de l’alcool. Erika lui adressa un nouveau sourire avant de lui répondre.

- T’inquiète pas, je vois parfaitement ce que tu veux dire, moi non plus je n’ai pas de souvenirs très très précis d’hier soir… Et malheureusement, c’est pas la première fois.

Avoua-t-elle à contrecœur avant de prendre une nouvelle bouchée. Le regard de nouveau perdu quelque part sur la table, Erika essaya tant bien que mal de rassembler les quelques souvenirs qu’elle avait de la soirée de la veille pour tenter de comprendre comment elle avait pu se réveiller chez Louhanne.

- Enfin si, je me rappelle que tu étais prête à m’embrasser si je payais la troisième bouteille de tequila alors que je l’avais déjà commandé… Enfin, il me semble… Aaaaah !!! Mais il s’est passé quoi hier soir putain ?!

Lâcha enfin la résidente avant de redresser le regard vers Louhanne qui semblait aussi perdue qu’elle. Elle entendit alors un bruit de bippeur et ne put s’empêcher de regarder le sien. Non, c’était bon, c’était sans doute celui d’un résident un peu plus loin qui venait de sonner. Ahah, bien fait ! A peine venait-elle de penser ça que le sien se mit également à retentir.

- Nooon ! Pourquoi ? Laissez-moi manger !

Sortit immédiatement la brune en posant sa tête à côté de son plateau de dépit. Les patients n’attendent pas malheureusement. Adieu repas de midi tellement attendu. Se redressant presque aussi soudainement qu’elle s’était penchée sur la table, elle planta de nouveau son regard brun dans celui de son interne avant de parler de nouveau sérieusement.

- Bon allez, c’est parti.

Elle se leva presque d’un bond mais attrapa quand même son yaourt et la cuillère en plastique qui l’accompagnait. Zut à la fin, fallait pas abuser quand même, elle avait faim. Elle prit alors rapidement la direction des urgences, Louhanne derrière elle.

- C’est bon, on est là ! Qu’est-ce qu’on a ?

Demanda la résidente à l’infirmier qui l’avait bippé alors qu’elles venaient juste de mettre un pied aux urgences. Une adolescente de 15 ans qui avait fait une chute de cheval, sans doute une côte fêlée voir cassée, la radio le préciserait, une nouvelle fracture ouverte à la jambe, à croire qu’elles étaient abonnées à ça aujourd’hui et sans doute d’autres lésions que la radio confirmeraient. Ce qui inquiétait la résidente fut quand même la main gauche de l’adolescente… Elle avait l’air en parfait état mais un petit détail attirait quand même l’attention d’Erika.

- Ok ! On fait une radio complète et je veux une radio plus détaillée pour les côte, la jambe et la main gauche.
- La main gauche ? Mais pourquoi ? Elle a l’air parfaitement normale.
- Je sais. Mais regardez de plus près son métacarpien central… C’est légèrement bleuté autour. Et la deuxième phalange de l’auriculaire est décalée de quelques millimètres sur la gauche. Allez, on la monte en radio.

Coupa court Erika aux discutions de l’infirmier. Elle connaissait son métier quand même non ? Une fois les radios faites, elle s’isola de nouveau dans la salle à côté pour les examiner avec son interne. Et c’est aussi ce moment-là qu’elle choisit pour attaquer son yaourt.

- Ah ! Je l’avais bien dis de faire une radio de la main gauche ! Regarde, ses trois métacarpiens centraux sont complètement brisés et elle a quatre phalanges déplacées. T’as déjà réparé une main ?

Finit-elle par demander à son interne en se tournant vers elle avant d’avaler une première cuillérée de son yaourt.

» *Louhanne A. Hennings*
» Louhanne A. Hennings [terminé]

Une garde plutôt spéciale [PV Louhanne Hennings]

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